Projets urbains : les clés pour une concertation réussie
Amélioration du projet urbain, redynamisation sociale, transformation publique… Les bénéfices d’un processus de concertation impliquant élus, techniciens et habitants peuvent être nombreux. A condition de respecter quelques grands préceptes. Explications.
« La concertation en matière de projet urbain va bien au-delà d’une simple information à des riverains à qui l’on demanderait leur avis sur tel ou tel programme à venir. Je préfère parler d’implication des parties prenantes, dans une volonté de créer un dialogue. » Maxence Moréteau, sociologue et urbaniste, dirige l’agence Adéus à Marseille. Celle-ci propose des diagnostics, conseils, actions de formation mais aussi une assistance à maîtrise d’ouvrage afin que les projets soient co-construits entre les élus, les techniciens et les citoyens. Ce fut le cas pour le projet de renouvellement urbain à Miramas dans les Bouches-du Rhône.
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Ces processus participatifs présentent trois types d’avantages. En premier lieu, ils permettent d’améliorer le projet en lui-même en s’intéressant à la question de l’expertise d’usage. Le schéma proposé correspond-il aux besoins de ce secteur ? Est-il adapté aux fonctionnements socio-urbain ? Dans ce premier volet, il s’agit aussi de mettre en œuvre un accompagnement au changement pour tous les partenaires.
Nouvelles formes d’actions publiques
Le deuxième atout est celui de la redynamisation sociale, de la mise en mouvement de groupes d’acteurs sur la question publique. « À la suite de ce type de concertation, j’ai constaté que des associations se créaient, des personnes s’engageaient en politique ou d’autres qui étaient en décrochage social lourd, s’investissaient dans cette production de projet. Et cela leur permettrait de redonner du sens à leur place dans la société », note le sociologue pour qui ces démarches peuvent être aussi une occasion d’inventer des nouvelles formes d’actions publiques, de nouveaux modes de faire. La transformation publique est ainsi le troisième mérite attendu.
L’amélioration de projet urbain, la redynamisation sociale et la transformation publique doivent être des objectifs partagés par les différents acteurs. Un travail technique et politique s’engage alors pour savoir où sera mis le curseur. Certaines collectivités privilégient un aspect plutôt qu’un autre. À cette étape seront définis le type et la temporalité des opérations à mettre en œuvre, en matière d’ingénierie, de diagnostic, d’élaboration d’un projet, de programmation urbaine…
Cela peut concerner des espaces publics, des opérations de construction ou de rénovation d’habitat mais aussi de relogement à la suite de démolition ou de réhabilitation.
Formaliser la parole des habitants, étape indispensable dans la concertation d’un projet urbain
« Puis vient l’étape de la mobilisation des habitants, remarque le sociologue. C’est un temps long de terrain. Au-delà de la communication sur différents supports, ces concertations nécessitent beaucoup de rencontres. Il est important que l’ensemble des acteurs du projet habitants, bailleur social, club de prévention, gardiens d’immeuble…, reçoivent le même niveau d’information. Ainsi le terme d’implication des parties prenantes prend tout son sens ».
Des experts, sociologues, urbanistes, ingénieurs, interviennent pour formaliser les façons de travailler entre acteurs mais aussi la parole des habitants. Selon Maxence Moréteau, c’est une fausse bonne idée d’imaginer la concertation comme ayant pour objectif de « faire comme les habitants ont dit qu’il fallait faire. Les riverains sont présents pour parler du fonctionnement de leur quartier, des problèmes, des atouts, tout ceci devant être analysé. » Le projet avance alors au rythme du partage de ces différentes analyses et de leur restitution. Le temps long qui en découle est une réelle difficulté. A titre d’exemple, la partie élaboration de projet pour deux quartiers de Miramas, aura duré 2 ans et demi. Il a fallu établir une relation de confiance entre toutes les parties prenantes. Pour travailler de façon concrète et productive, l’agence Adéus prône un travail en atelier plutôt que des réunions publiques.
« L’enjeu est aussi de pouvoir proposer un projet qui réponde à des préoccupations sociales. Souvent dans les projets d’aménagement, les acteurs ne se posent pas la question de ce qui va changer dans la vie des habitants. Comment voient-ils leur quartier dans 30 ans ? Cela doit-il engendrer des démolitions, comment, pourquoi, dans quelles conditions ou encore à quelle temporalité ? Cela deviendra ainsi une pièce du puzzle dans l’objectif de transformation des conditions de vie des habitants » détaille-t-il.
Ce type de concertation concerne les projets de renouvellement urbain, mais peut aussi se décliner autour de la problématique de la revitalisation de centres-villes, ou encore de l’habitat participatif. Le champ des possibles est vaste et reste encore largement à explorer.
(©l’Adéus)