Quand les agents des collectivités locales investissent les tiers-lieux
Davantage qu’une rationalisation des coûts énergétiques, le recours aux tiers-lieux permet de créer des synergies de travail entre les différentes administrations d’une collectivité et aux agents d’être mieux intégrés à leur territoire. Décryptage.
C’est une véritable reconnaissance institutionnelle. En 2022, le ministère de la Transition écologique et l’ADEME ont noué un partenariat pour favoriser le soutien aux tiers-lieux, qui essaiment un peu partout sur le territoire. Selon l’association France Tiers-Lieux, on dénombre 3 500 de ces espaces en France, que l’on peut définir comme « des lieux de coopération de toutes tailles, à l’échelle locale ou d’un bassin de vie, où l’on va mutualiser les efforts et développer des modèles hybrides », selon Émilie Guillet, chargée d’animation territoriale Tiers-Lieux à la Chambre régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) de la région Centre – Val de Loire.
Ainsi, sur ces sites peuvent cohabiter un restaurant avec des ateliers de réparation, des projets de sensibilisation à l’écologie… mais aussi des espaces de coworking, dont 75 % des tiers-lieux sont équipés. « Les espaces de coworking ne sont pas des tiers-lieux mais il peut y avoir un espace de coworking dans un tiers lieux, résume Émilie Guillet, le tiers-lieu reste un endroit ouvert et hybride, et pas seulement une pièce calme avec des ordinateurs ». Ils présentent en tout cas une véritable opportunité à laquelle commencent à s’intéresser les collectivités, pour développer leurs propres tiers-lieux et/ou y envoyer leurs agents en télétravail. Une pratique qui présente un certain nombre d’avantages.
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Télétravail et collectivités : une manière de rationaliser les coûts de l’énergie ?
L’un des arguments souvent cité en faveur de la mise à disposition des tiers-lieux pour les agents des collectivités en télétravail est la rationalisation des coûts de l’énergie dans les bâtiments administratifs, sans en faire supporter le prix aux utilisateurs, contraints de travailler depuis leur domicile. Un argument pas tout à fait justifié, selon une expérimentation en cours menée par l’ADEME et l’Institut Français pour la performance du bâtiment.
Les premiers résultats indiquent en effet que la non-présence des employés sur les lieux de travail a un impact négligeable sur la consommation des bâtiments administratifs, sauf dans le cas où celle-ci s’accompagne de la fermeture journalière du site, pouvant amener une réduction de la consommation de l’ordre de 20 à 40 %. De même, les employés ne semblent pas payer un tribut trop lourd au fait de travailler à domicile. Ainsi, l’étude montre une augmentation de la consommation de l’ordre de 1,4 KwH, liée au travail à la maison sur une consommation énergétique quotidienne moyenne de 20 à 40 KwH. La bonne solution serait-elle alors d’instituer des « journées tiers-lieux » pour les agents, accompagnées de la fermeture des bâtiments administratifs, afin « de favoriser la coopération, de nouer des relations de travail dans le sens de l’innovation, de favoriser le transfert et le gain de compétences nouvelles en optimisant les coûts alloués à ces différents axes de développement », selon Émilie Guillet ?
Le télétravail dans les tiers-lieux, un nouveau lien avec le territoire
« Le travail des agents des collectivités au sein de tiers-lieux permet d’entériner un changement de posture de l’institution, un rapport de proximité au plus près des acteurs et des habitants du territoire, explique Émilie Guillet. C’est une manière pour eux de sortir de leur isolement ». Une façon également de décloisonner les administrations, en permettant aux agents de différents secteurs de s’installer dans ces espaces hybrides favorisant la coopération.
Plusieurs collectivités se sont ainsi essayées à la création de tiers-lieux pour développer ce phénomène. Ainsi l’ETAP (Espace de Travail des Agents Publics) inauguré à Paris en 2021, est présenté comme le premier espace de coworking dédié aux agents publics franciliens. Cependant, son fonctionnement réservé aux employés de la collectivité, s’il favoriser la synergie entre les différents acteurs administratifs, ne permet pas de l’ouvrir au territoire. Certaines institutions essaient également d’adopter la « mentalité tiers-lieux ».
« La Maison régionale de l’Économie Sociale et Solidaire de Fleury-les-Aubrais est déjà un tiers-lieux dans le sens où le bâtiment est partagé entre six acteurs : la Ligue de l’enseignement, l’Union des Employeurs de l’Économie Sociale et Solidaire, France Active, le Comité régional olympique et sportif, l’Union régionale des Sociétés Coopératives de Production et la CRESS. Ils souhaitent intégrer en outre d’autres acteurs issus des secteurs publics ou privés déjà présents dans leur écosystème » confie Émilie Guillet. Une manière de reconfigurer la relation entre les collectivités, leurs agents et les territoires, en élaborant des conditions de travail plus ouvertes et plus coopératives.
Hiptown, filiale de Nexity, chamboule le marché des espaces de travail en région en offrant des bureaux flexibles hors de Paris.
Ces espaces de coworking, mélangeant travail, restauration et événements, redéfinissent l’usage traditionnel du bureau en le transformant en lieu de vie communautaire. La société se démarque par son engagement envers le développement durable, utilisant principalement du mobilier recyclé et produisant des certificats d’impact positif pour les entreprises locataires. Depuis son lancement en 2020 à Marseille, Hiptown a rapidement grandi avec 26 sites à travers la France, et a évolué vers une offre de bureaux flexibles et privatisés. |