Villes moyennes : qu’est-ce qui les rend si attractives ?
Les villes moyennes, depuis la pandémie, ont gagné en attractivité. France Stratégie dresse un tableau tout en nuances de ces villes qui, après avoir été longtemps ignorées, ont désormais toute l’attention des médias.
Longtemps éclipsées par les métropoles et les grandes agglomérations, les villes moyennes reviennent aujourd’hui au premier plan. En 2017, avec le programme Action Cœur de Ville, l’État avait fait de leur renouveau une priorité nationale. Mais c’est à la pandémie de Covid 19 qu’elles doivent leur retour en grâce, en grande partie grâce à l’abondante couverture médiatique dont elles ont fait l’objet depuis. Fini, le temps où ces villes étaient jugées sans attraits, et surtout trop petites pour exister dans la mondialisation. Une nouvelle image s’est imposée aux Français, celle de villes à taille humaine, réunissant tout ce que les grandes n’avaient pas pu leur offrir durant les confinements : des logements plus spacieux, plus accessibles, et une plus grande proximité avec la nature. Grâce à la pandémie, en somme, les villes moyennes ont gagné en attractivité, si bien qu’en 2021, plus de 80 % des Français estimaient qu’habiter une ville moyenne était préférable au fait d’habiter une grande métropole
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L’attractivité des villes moyennes ne date pas d’hier
Mais cette attractivité nouvelle des villes moyennes s’est-elle accompagnée de changements significatifs en termes socio-économiques ? Des dynamiques nouvelles sont-elles déjà observables dans ces villes et leurs aires d’influence ? L’intérêt des deux notes d’analyse publiées par France Stratégie est de relativiser ce qui est parfois présenté comme une « revanche des villes moyennes ».
Selon les auteurs, la première raison de douter de la pertinence de ce récit en termes de revanche est qu’il suggère un retournement de tendance directement lié à la pandémie. « Ce que nous constatons, explique Coline Bouvart, Cheffe de projet Emploi et territoires chez France Stratégie, c’est que les villes moyennes et leur aire d’attraction bénéficient d’une dynamique plutôt favorable depuis au moins une décennie, et leur trajectoire est caractérisée par une grande stabilité, tant en ce qui concerne leur poids démographique (environ 35 % de la population française) que leur contribution à l’emploi (environ 30% de l’emploi salarié privé). » Ce qui est nouveau cependant, c’est, depuis 2020, le fait de voir les villes moyennes bénéficier d’une dynamique légèrement supérieure à celle des métropoles.. Il convient donc de nuancer l’effet de rupture induit par la pandémie, qui a été à plus justement parler un accélérateur, ou le révélateur de tendances déjà à l’œuvre.
Les villes moyennes ne sont pas toutes dans le même bateau
L’autre apport de ces deux notes est de montrer la très grande diversité des situations caractérisant les villes moyennes. Sur les 202 villes étudiées par France Stratégie, elles sont ainsi 160 à avoir créé des emplois au cours des deux années écoulées, dont 77 plus de 3 %. Comme le souligne Cyril Gomel, autre coauteur, « les villes moyennes sont insérées dans des ensembles régionaux, et c’est cette insertion dans des territoires plus ou moins dynamiques qui détermine en grande partie leur trajectoire, même si certaines ont des caractéristiques qui leur sont propres ».
Les villes dont la trajectoire est la plus favorable, soit 42% des villes étudiées, sont majoritairement situées sur le littoral atlantique (Bayonne, Rochefort, Royan), le pourtour méditerranéen (de Sète à Perpignan), la Vallée du Rhône (Valence, Orange), et la zone frontalière avec la Suisse (Chambéry, Thonon-les-Bains). Les villes aux dynamiques plus lentes et qui représentent seulement 16 % de l’échantillon, sont quant à elles presque exclusivement regroupées dans le centre de la France et dans le quart nord-est.
Il semble donc difficile, à ce stade, de parler de changements structurels touchant de manière uniforme l’ensemble des villes moyennes. Ces villes n’ont sans doute pas encore autant changé que le suggère l’imagerie qui leur est désormais associée. Mais le regard porté sur elles a en revanche considérablement évolué. Désormais sous les feux des projecteurs grâce à l’attention portée par les médias, elles nous apparaissent aujourd’hui sous un nouveau jour : à la fois eldorado pour les cadres et leurs familles, et places fortes de la réindustrialisation. Autant de facettes qui contribuent à redéfinir leur identité et leur place dans l’imaginaire collectif.