Loire à vélo : Orléans change de braquet
Avec plus d’un million de visiteurs chaque année, la Loire à vélo est devenue une référence française et européenne de l’éco-tourisme au service de l’attractivité des territoires traversés. À Orléans, la ville a su tirer parti des aménagements des berges et des équipements dédiés aux cyclistes pour accueillir les touristes et faire évoluer les mobilités de ses habitants.
Les quelques 900 kilomètres du parcours de la Loire à vélo qui sillonnent la France du Mont-Gerbier de Jonc en Ardèche à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique sont l’aboutissement de plus de 20 années de concertation entre acteurs politiques régionaux du Centre Val de Loire, des Pays de la Loire et des acteurs de terrain. Ces dix dernières années, plus de 50 millions d’euros ont été investis sur l’itinéraire cyclable et le réseau compte aujourd’hui près de 600 professionnels qualifiés « Accueil vélo ». Principalement des hébergeurs, mais aussi des loueurs de vélos, des offices de tourisme ou des sites de visites. Tout un écosystème d’acteurs et d’emplois bien ancrés dans leur territoire qui profite aux villes comme Orléans, qui en plus de l’accueil des touristes développe les infrastructures pour les habitants.
Toute une filière mise en mouvement
À moins d’une heure de Paris, à proximité des Châteaux de la Loire (classés au patrimoine mondial de l’UNESCO) et aux portes des forêts de Sologne, Orléans a su depuis le début des années 2000 capitaliser sur ses atouts naturels pour attirer les touristes en quête de culture, et de nature. Sur l’île Charlemagne par exemple, un parc de 70 hectares avec des espaces végétalisés et des plages de sable accueille près de 7.000 visiteurs par jour en période estivale entre les berges de Loire un lac de plaisance. La métropole travaille en concertation avec les communes pour poursuivre les aménagements et parie sur la culture de la promenade, à pied ou à vélo. Ces espaces attirent de plus en plus et « depuis quelques années le tourisme se professionnalise à Orléans, se structure sous l’impulsion de l’Office du tourisme et des élus » explique William Chancerelle, adjoint au Maire d’Orléans en charge de la culture, de l’événementiel et du tourisme.
La ville change de braquet pour les vélos
Voies vertes, pistes cyclables, aménagement des voies partagées… Le succès de la Loire à vélo a dopé la fréquentation de la ville par les cyclotouristes, une opportunité pour la ville de se tourner vers le fleuve et de récréer de la circulation sur ses berges et d’une berge à l’autre. Dès le début de la crise sanitaire, la ville a d’ailleurs mis en place un certain nombre d’équipements d’urbanisme tactique et a rendu les voies publiques plus faciles d’accès aux piétons, et aux vélos ! Le principal pont du centre-ville d’Orléans, le pont George V, qui relie les quartiers sud de la ville au centre-ville est d’ailleurs le symbole de ce virage vers les mobilités douces : un trottoir, deux voies de tramway, deux voies cyclistes et une voie routière dans un sens unique, du sud vers le nord pour permettre aux voitures de facilement pénétrer dans le centre-ville. La pérennisation des équipements a d’ailleurs permis l’augmentation du nombre de cyclistes de 50% (par rapport à 2019).
Les derniers mois ont donné aux habitants la possibilité de se réapproprier le fleuve et les équipements pour vélos témoigne Didier Boisseau, Président d’Orléans Cyclo Touriste, avec « de plus en plus de personnes qui ont un usage utilitaire des pistes, pour aller travailler, faire leurs courses ou simplement passer du temps en famille ». D’ailleurs, « il y a eu ces dernières années une augmentation du nombre de cyclotouristes sur les berges d’Orléans, qui souvent font un détour par la ville avant de continuer leur parcours, mais ces derniers mois se sont avant tout les Orléanais qui ont profité des équipements ». Les nouvelles habitudes « se mettent en place » affirme Didier Boisseau. Pourtant, la route est encore longue pour que le vélo s’installe véritablement dans les habitudes, la part modale du vélo dans la ville Johannique n’était que de 5,5% en 2018 avec un objectif à 8% en 2025.
Alors que le tourisme de proximité connait un grand succès depuis le début de la crise sanitaire, les villes en régions avec un beau patrimoine culturel et naturel font coup double : gain d’attractivité pour les touristes et amélioration du cadre de vie pour les locaux. Pour Didier Boisseau, « l’écotourisme ne se limite pas à sa dimension écologique, c’est une forme de sensibilisation et de respect de l’environnement visité, de sa population et de sa culture locale ». Né il y a plus de 20 ans avec l’ambition de renforcer l’attractivité du territoire, le temps semble avoir donné raison aux instigateurs du programme de la Loire, en particulier à Orléans. Si de l’eau a coulé sous les ponts, aujourd’hui les vélos roulent dessus.