Les villes moyennes, le nouvel eldorado des Français ?
Longtemps délaissées au profit des métropoles, les villes moyennes semblent aujourd’hui séduire de plus en plus de Français. Après une année de crise sanitaire, la Covid-19 a modifié les aspirations des citadins en termes d’immobilier. Alors sommes-nous en train d’assister à un retour sur le devant de la scène de ces villes de moins de 100 000 habitants ?
De nombreux experts et différents acteurs de l’immobilier soulignent depuis quelques mois un revirement de situation : alors que les grandes villes étaient jusqu’à récemment considérées, comme les territoires français les plus attractifs, elles semblent, depuis la crise de la Covid-19, connaître une certaine forme de désintérêt de la part des français. Chiffres à l’appui, le site PAP d’annonces immobilières entre particuliers, dans son rapport annuel 2020, révélait une augmentation croissante des recherches immobilières pour les petites et moyennes villes. Par opposition, on assiste à une diminution significative des recherches pour les villes de plus de 100 000 habitants. Une tendance également identifiée par le Baromètre des territoires 2020 : on y découvre qu’un quart des actifs, habitants des grandes villes, envisagent de déménager de leur logement actuel. Et plus précisément, la moitié d’entre eux souhaite s’installer dans une ville moyenne.
Cet engouement des français pour les villes “à échelle plus humaine”, est la résultante de plusieurs facteurs, dont le plus évident est la crise sanitaire engendrée par la Covid 19. La succession des confinements et couvre-feu a renforcé un phénomène déjà émergeant sur la modification des aspirations immobilières des citadins. Alors que la grande ville a été le symbole de la concentration des services, des loisirs, de la culture ou encore de l’emploi, la pandémie mondiale a mis en pause son dynamisme. Ses habitants, privés de ces services, ont rapidement pointé du doigt le manque de qualité de vie (notamment sur la taille des logements et leur accès à la nature…). Parallèlement, les plus chanceux ont redécouvert une vie au vert en s’exilant dans des plus petites villes durant les périodes de confinement.
Cependant, le regain d’attractivité pour les villes moyennes ne peut s’expliquer uniquement par le biais de la crise sanitaire. Depuis quelques années, ces territoires travaillent quotidiennement à créer des dynamiques attractives afin d’offrir à leurs habitants un cadre de vie agréable. Le tout assorti de nombreuses opérations de marketing territorial parfois très provocatrices vis-à-vis des “grandes villes”. Aujourd’hui leurs arguments séduisent et prouvent que ces villes n’ont pas à jalouser les plus grandes, bien au contraire.
Des bassins d’emplois connectés au reste du territoire
Longtemps reléguées des réseaux ferroviaires, les villes moyennes sont aujourd’hui de plus en plus connectées au reste du territoire français. Le déploiement des lignes Grandes Vitesses, ces dernières décennies, s’est attaché à connecter certaines de ces villes non seulement à la capitale parisienne en moins de deux heures, mais également à les relier les unes aux autres. Cette connexion a bien souvent ouvert les portes à l’installation de nouvelles entreprises. Loyers moins chers, cadre de vie bien plus favorable pour leurs employés, des mobilités facilitées grâce à une meilleure connexion aux réseaux viaires et ferroviaires, les avantages sont nombreux et certaines entreprises ont fait le choix de quitter les métropoles pour des villes moyennes.
Classées en tête du baromètre Arthur Loyd sur le dynamisme des villes et leur attractivité, Valence, Angoulême ou encore Niort tirent leur épingle du jeu : elles sont toutes connectées à un bassin d’emplois élargi, font preuve aujourd’hui de politiques d’accueil favorables au dynamisme économique de leur territoire et accueillent de ce fait de plus en plus d’habitants.
Le développement du télétravail, accéléré par la crise de la Covid-19, permet également aux travailleurs de se projeter dans une ville à plus petite échelle, dans laquelle il sera possible de télétravailler tout en étant connectés aux territoires métropolitains.
Les avantages d’une ville et de la campagne
Si les villes moyennes se démarquent aujourd’hui, c’est également grâce à un cadre de vie “idéal” pour de nombreux foyers. D’une part, elles accueillent l’ensemble des services essentiels de proximité. Que ce soit en matière de santé, d’éducation, de commerces, de sports, les villes moyennes disposent d’équipements qui permettent à chacun de trouver satisfaction.
Parallèlement, elles sont également le symbole d’un d’un mode de vie plus apaisé. Alors qu’il est souvent compliqué dans les grandes villes de trouver des espaces de nature à proximité, les villes moyennes sont des villes proches de leur environnement naturel et facilitent également son accès. Des arguments qui séduisent de plus en plus de “purs citadins” en manque de nature, qui souhaitent peu à peu se reconnecter à leur environnement et qui trouvent échos aux préoccupations écologiques actuelles et grandissantes.
La qualité de leur cadre de vie réside aussi dans la facilité d’accès à des biens immobiliers plus grands et moins chers que dans les grandes villes. Des choix attractifs et qui apparaissent essentiels suite à l’enfermement des confinements, une expérience qui a largement pesé sur le moral des habitants des grandes villes, souvent reclus dans des espaces exigus. Habiter une ville moyenne équivaut désormais à améliorer son habitat, avec plus de surfaces et d’espaces extérieurs.
Un dynamisme culturel et un mode de vivre affirmé
À ces différents arguments, il faut ajouter le fait que ces villes moyennes ont aussi réussi à se constituer, au fur et à mesure des années, un mode de vie qui leur est propre. Qualité des commerces de proximité, offres culturelles variées et de qualité, services innovants, espaces publics attractifs, elles sont aujourd’hui dans la course de l’attractivité, que les métropoles ont longtemps remportée.
Depuis 2014, la ville de Vichy a par exemple misé sur le réaménagement des berges de l’Allier afin d’offrir à ses habitants un cadre de vie proche de la nature. À Vannes, c’est un musée axé sur le Street Art qui a ouvert ses portes en septembre 2019 amenant ainsi la culture à portée de tous. À Villeneuve-sur-Lot, une halle gourmande a vu le jour en 2019 et a augmenté considérablement l’offre des commerces de bouche de la ville. Quant à Nancy, c’est l’Octroi, une pépinière culturelle créative qui devrait être inaugurée sous peu dans d’anciennes halles industrielles rénovées. La liste des exemples inspirants est longue, tant les villes moyennes innovent et se renouvellent pour amener sur leur territoire des espaces de convivialité, d’émulsion collective, de création artistique et artisanale.
Preuve en est, en ce début d’année 2021, un appel a été lancé aux villes de 20 000 et 200 000 habitants pour devenir la première “Capitale française de la culture”en 2022. Ce sont en tout 29 candidatures qui ont été reçues par le ministère de la Culture, dont 9 sont pré-sélectionnées avant de désigner la grande gagnante. Pour autant, le contexte sanitaire est venu freiner le développement culturel des villes. Mais face à cette situation, les petites et moyennes collectivités ne semblent pas baisser les bras au vu des nombreuses candidatures déposées.
Les villes moyennes, un nouveau modèle attractif
Les grandes villes ne sont donc désormais plus seules dans le palmarès de l’attractivité. Les villes moyennes se sont peu à peu constituées de solides bases qui leur permettent aujourd’hui de répondre aux envies des Français à la recherche d’une meilleure qualité de vie, d’une proximité à la nature, tout en gardant un confort de services et une offre d’innovations qui leur est propre. Un engouement qui pourrait se pérenniser dans le temps, avec la concrétisation de projets immobiliers pour l’instant mis en stand-by par la crise.