À Hellemmes, repenser sa stratégie commerciale en centre-ville pour créer la ville du quart d’heure
À l’heure où la crise sanitaire semble avoir rebattu les cartes de l’attractivité, nombreuses sont les équipes municipales à s’être attelées à la dynamisation de leur centre-ville ou plus largement au retour des commerces de proximité dans les quartiers réputés strictement résidentiels.
Dans ce cadre, attirer les bonnes enseignes est souvent la clé de voûte de la réussite. Démonstration à Hellemmes (59), symbole d’une tendance nationale.
Entre évolutions des modes de consommation et défis de l’attractivité, les villes portent plus que jamais une attention particulière à la vitalité commerciale de leurs quartiers. À Hellemmes qui, avec ses quelque 18 000 habitants, gravite dans l’orbite immédiate de Lille, on l’a bien compris. Commune associée à Lille depuis 1977, Hellemmes lui est reliée par une ligne de métro, et n’est distante du quartier des gares Lille-Flandre et Lille-Europe que d’à peine plus de 3 kilomètres.
Autant dire que la commune doit se battre pour exister face à son imposante voisine. Mais elle a pour cela de solides atouts à faire valoir : rue Faidherbe, un vaste travail de réhabilitation et de rénovation urbaine est en cours, depuis plusieurs années, afin de mieux valoriser les pieds d’immeuble et les ouvrir sur la ville.
La théorie de « la ville du quart d’heure »
Baptisé Neo Village, ce projet a pour vocation de (re)créer tout l’esprit d’un village au cœur même d’une grande agglomération urbaine. Au programme, un cadre de vie paisible, avec de grandes maisons, de grands appartements, au milieu de promenades verdoyantes mais avec, aussi, et peut-être même surtout, la ferme intention de ne pas en faire une cité dortoir.
L’idée, dans la droite ligne de la théorie de la « ville du quart d’heure », tient à ce que tous les besoins de la vie quotidienne soient satisfaits dans ce Neo Village : se loger, travailler, se soigner, faire ses courses, se cultiver et s’amuser. L’attractivité commerciale en constitue souvent l’un des principaux piliers : les habitants ne seront attirés par le quartier que s’ils savent qu’ils pourront y retrouver les commerces de proximité dont ils ont besoin. Et les acteurs du commerce se font la même réflexion : pour eux, pas question de prendre le risque d’ouvrir s’ils ne disposent pas d’un minimum d’assurance quant aux futures habitations à proximité.
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Un accompagnement spécifique pour les commerçants
Comment faire ? En aidant à l’installation des professionnels. C’est le rôle des promoteurs et des foncières, en lien étroit avec les municipalités. Globalement, ces aides sont de trois ordres. La plus rare consiste en un soutien au financement (de quelques dizaines de milliers d’euros pour accompagner les premiers pas). Les deux plus fréquentes sont soit une franchise de loyers, pendant les trois à six premiers mois d’ouverture, soit la mise en place d’un loyer progressif, sur trois ans le plus souvent, pour permettre plus sereinement au commerçant d’atteindre son chiffre d’affaires de croisière.
C’est exactement ce qu’il se passera à Hellemmes où, pour donner corps au programme Néo Village, trois cellules commerciales sont prévues : l’une, sur 173 m², est destinée à accueillir un commerce alimentaire généraliste tandis que les deux autres, plus petites avec respectivement 52 m² et 38 m² de surface de vente, verront s’installer soit une boulangerie, soit un autre commerce utile à la vie de tous les jours. C’est à ce prix, avec un accompagnement dédié, pour ne pas dire personnalisé, que le futur quartier s’assurera de la pérennité de ses commerces. Lesquels seront à leur tour garants de la réussite du projet dans son ensemble.
L’enjeu de la lutte contre la vacance commerciale
Et si les choses se déroulent désormais ainsi, c’est que le taux de vacance commerciale est aujourd’hui devenu un enjeu majeur, au cœur des villes. Trop de rideaux baissés, trop de commerces fermés… « Le taux moyen de la vacance en centre-ville est passé de 7,2 % en 2012 à 9,5 % en 2015 et 11,9 % en 2018, et seul un tiers des centres-villes demeure sous la barre symbolique des 10 % contre la moitié en 2015 », pointait en 2019 Procos, la Fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé. Depuis, avec la Covid, rien ne s’est arrangé.
Pas question, pour autant, de se résigner à cette morosité. À Hellemmes, comme ailleurs, nombreux sont les maires à se retrousser les manches, aidés d’investisseurs privés ou publics. À La Roche-sur-Yon (85), le maire, Luc Bouard, a ainsi signé une convention de partenariat visant à « favoriser l’attractivité et la qualité de vie du territoire de l’agglomération ». L’ambition ? « Réactiver la fibre cœur de ville d’une agglomération dont le développement commercial s’était fait en périphérie dans les années 1990 et 2000. Pour cela, nous achetons des bâtiments dont nous optimiserons l’accessibilité pour accueillir notamment des métiers de bouche. Nous conduirons aussi des opérations mixtes incluant l’habitat pour faire revenir nos habitants, désormais soucieux de bilans écologiques dans leur cœur de ville », précise l’élu, interrogé par LSA.
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À Limoges, la rue « Fourie » objet de toutes les attentions
À Limoges, et avec le même objectif en tête, la municipalité s’est notamment concentrée sur le devenir de la rue Fourie : dès 2018, deux commerçants ont bénéficié d’un accompagnement sur-mesure, via une pépinière commerciale, créée avec le soutien de la CCI (chambre de commerce et d’industrie). À la clé, « un loyer abordable » et « un accompagnement personnalisé » pour permettre l’installation de Typhaine Shop And Co, une boutique de stylisme, conception, retouche et cours de couture, et des P’tites Marionnettes, avec son concept de puériculture. Deux commerces qui, trois ans plus tard, ont toujours pignon sur rue.