Comment les collectivités territoriales peuvent-elles tirer parti du digital ?
La digitalisation est devenue un enjeu majeur pour les collectivités territoriales, puisqu’elle représente aujourd’hui une nouvelle source d’attractivité pour les travailleurs qui veulent s’exiler loin des grandes métropoles. La dématérialisation des services publics, l’automatisation des réseaux énergétiques et de transports publics représentent certes un coût pour les élus, mais c’est aussi l’opportunité de relancer l’économie en créant de nouveaux emplois et en attirant les télétravailleurs de demain.
Les collectivités territoriales doivent faire face à une transformation numérique de plus en plus importante, mais aussi coûteuse pour le contribuable. Avec le développement des nouvelles technologies, de nouvelles fonctionnalités apparaissent pour se mettre au service des communes et des départements. Par exemple, la dématérialisation des services publics permet de réduire les délais d’instruction pour les porteurs de projets immobiliers. L’activité des promoteurs est donc facilitée, particulièrement en temps de crise où les conditions de travail sont dégradées.
Il est couramment admis que la digitalisation de l’administration publique est un processus en quatre étapes. D’abord, dans la phase informative, la commune peut choisir de mettre en place un site internet à caractère informatif sur les prochains événements qui se tiendront dans la ville. Ensuite, se présente une phase d’interaction où il devient possible pour un utilisateur de communiquer via le site internet avec des agents municipaux pour recevoir des informations personnalisées. Alors survient la troisième étape : la téléprocédure pour réaliser des transactions en ligne directement sur le dossier numérique de l’administré. Enfin, la dernière étape est l’intégration, c’est-à-dire la mutualisation de tous les services que propose une commune sur un seul site internet.
Mais la digitalisation ne s’arrête pas à la mise en place d’un site internet destiné aux administrés. Par exemple, comme nous l’affirmions le mois dernier, l’automatisation des réseaux énergétiques à l’aide des nouvelles technologies permet d’économiser de précieuses ressources nécessaire à l’alimentation d’une ville. La construction d’un smart-grid, ou réseau intelligent, permet ainsi d’optimiser la répartition de l’énergie en fonction du besoin des consommateurs calculé en temps réel : le premier pas vers une transition énergétique décarbonée.
La transformation numérique d’une ville offre aussi de nouvelles fonctionnalités pour faciliter la vie des habitants comme la mise en place à Issy-les-Moulineaux d’une intelligence artificielle pour réguler la circulation urbaine. La digitalisation des services publics permet ainsi d’amortir les coûts de fonctionnement des infrastructures tout en les rendant plus optimisées pour les utilisateurs. Les nouvelles technologies fournissent un calcul en temps réel pour s’adapter précisément aux besoins des habitants. L’adaptabilité améliore les rendements tout en minimisant les dépenses.
La digitalisation comme source d’inégalités territoriales
Si de nombreuses communes ne passent pas encore le cap de la digitalisation, c’est que celle-ci requiert de nombreux investissements qui ne sont pas toujours évidents à anticiper. En effet, au-delà du coût matériel évident – achat de caméras, de capteurs de mouvements, mais aussi recourt à des prestataires extérieures pour revoir les systèmes d’informations de la ville – il faut prévoir des coûts “cachés”. Parmis lesquels la nécessité de former le personnel municipal aux nouvelles technologies pour en tirer le meilleur parti, rédiger de nouvelles procédures de travail, mais aussi sensibiliser les utilisateurs pour leur faire comprendre les nouvelles fonctionnalités qui s’offrent à eux.
Or, les utilisateurs eux-mêmes ne sont pas tous égaux devant les nouvelles technologies. Aujourd’hui, près de 20% de la population est âgée de plus de 65 ans. Il est à prévoir que les effets positifs de la digitalisation se feront moins ressentir dans cette frange de la population. L’abandon des centres d’accueil physique peut s’avérer problématique pour des populations fragilisées face aux transformations numériques. Autrement dit, pour ne pas accentuer les inégalités sociales, la digitalisation des services publics doit non seulement être progressive, mais elle doit également tenir compte de la sociologie de son territoire. Toutes les collectivités territoriales ne peuvent pas s’engager de la même manière sur la voie de la digitalisation.
Bien pratiquée, la digitalisation favorise la relance économique
Les bienfaits de la transformation numérique sont toutefois nombreux pour la vie d’une commune : gouvernance partagée grâce à une participation citoyenne facilitée, transparences des services publics, renforcement de l’attractivité économique (surtout après l’essor du télétravail), mais également la lutte contre l’illectronisme, grâce à la sensibilisation des plus défavorisés. Le développement des réseaux digitaux permet ainsi de lutter contre la fracture numérique qui parcours le territoire. Par ailleurs, le marché digital représente aujourd’hui un secteur d’activité en pleine expansion, un nouveau moteur économique.
La digitalisation ouvre aussi de nouvelles perspectives pour la ville intelligente et pour l’aménagement du territoire urbain grâce par exemple au CIM (City Information Modeling). Il devient dès lors possible de modéliser sa ville en trois dimensions pour en identifier tous les paramètres au moment de construire de nouveaux logements ou de nouveaux espaces publics. Il appartient maintenant aux collectivités territoriales de revoir leurs systèmes d’informations et de communications pour amorcer intelligemment une transformation numérique inéluctable.