Quand l’aménagement de zones d’activités participe à la création d’une ville « écologique »…
Publié le 15.04.25 - Temps de lecture : 3 minutes

Quand l’aménagement de zones d’activités participe à la création d’une ville « écologique »…

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Les zones d’activité peuvent devenir des leviers de transformation vers des villes plus écologiques et inclusives, comme l’expliquent Chloé Valadié et Gaétan Brunet, fondateurs de l’agence UR.

À RETENIR 

  • Le « ménagement » privilégie la valorisation de l’existant plutôt que l’expansion, en intégrant durabilité et diagnostic approfondi des territoires. 
  • Les zones d’activités peuvent devenir des écosystèmes hybrides où se mutualisent ressources, fonctions et services, renforçant ainsi la biodiversité et les liens sociaux. 
  • Les projets innovants visent la déspécialisation des espaces, mêlant habitat, industrie légère et services, pour favoriser la proximité et les synergies locales. 
  • Ces zones constituent des laboratoires de transition écologique grâce à l’écologie industrielle, la production d’énergie locale et une meilleure gestion des mobilités et des sols. 

Vous prônez une approche de « ménagement » plutôt que « d’aménagement ». Quelle différence entre les deux ? 

Le concept de « ménagement » transforme la manière d’appréhender un projet, car il ne s’agit pas d’étendre le bâti sur de nouveaux espaces, mais de porter attention à ce qui est déjà en place. On arrange l’existant en essayant de le rendre plus durable. Les phases de diagnostic ou d’analyse des territoires sont ainsi modifiées. 

 Vous avez travaillé sur des projets comme les « Ecological Magnets » au Pays de Dreux ou la mutation de la zone d’activité économique (ZAE) des Petits-Ruisseaux. Comment mutualiser les ressources et renforcer la biodiversité ?  

Les ZAE allient activités économiques et habitat. Est-ce que des effets de communautés permettent un travail commun ? Que peut-on mutualiser ? Est-ce que les déchets des uns peuvent devenir les ressources des autres ? Il s’agit d’anticiper des synergies et de recréer un écosystème qui s’inscrit dans la logique de développement des communes. A nous de montrer les effets bénéfiques qu’elles peuvent en tirer ! A Verrières-le-Buisson, nous travaillons en effet sur une ZAE de plusieurs hectares, où cohabitent une usine de fabrication de pain, une grande enseigne, un restaurant, des chercheurs, des bureaux, des salles de sport… L’idée, c’est de conserver toutes ces activités, d’amplifier la capacité d’accueil du site et de créer du logement. Les entreprises avaient des réserves, puis elles ont compris l’intérêt de fabriquer du lien. Les projets sur lesquels nous sommes engagés imposent des formats de discussion et de co-construction. 

Quelles sont les innovations concrètes que vous proposez ?  

Sur un plan organisationnel, nous sommes plus flexibles et réfléchissons au partage de l’expertise, en collaborant avec des écologues, des ingénieurs en développement durable…L’innovation, c’est surtout de sortir du zoning (autrement dit la pensée monofonctionnelle de plaques), pour imaginer des territoires dézonés qui font cohabiter habitat, services, micro-industriel… On identifie des formes d’hybridation pour refabriquer de la proximité avec des quartiers résidentiels. C’est une manière de repenser les territoires et de créer des liens grâce à des relations mutuelles bénéfiques sur l’énergie, la mobilité, les services aux habitants…   

Maquette de la zone d'activité ©Agence UR

©Agence UR

Est-ce que les ZAE sont des leviers pour la ville écologique ? Et comment concilier activité économique et préservation de l’environnement ?  

Ce sont des réserves foncières et des espaces d’expérimentation très riches où on peut tester des choses dans des logiques d’écologie industrielle et de production d’énergie. Les toitures solaires d’un entrepôt, par exemple, peuvent alimenter les logements voisins grâce à des solutions de smart grid. Il s’agit de répondre aux objectifs de la transition écologique en réduisant les distances entre domicile et lieu de travail et en identifiant des services communs entre habitat et activité. Les circuits courts sont un axe de progrès environnemental. On hérite de grandes surfaces asphaltées avec des bâtiments de faible qualité, mais les réformes de réglementation thermique favorisent la transformation du bâti. On réfléchit à la question des sols, du stationnement… et on installe des systèmes de transport plus efficients et moins carbonés. Il y a beaucoup de leviers ! 


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Quel est l’avenir de ces zones en mutation ?  

Pendant trente ans, on a fait « la ville sur la ville », avant de réaliser que cela coûte cher en termes d’infrastructures, de réseau, de transports… Sans parler du coût écologique car les gens s’y rendent en voiture. On assiste à un changement de paradigme pour raccourcir les chaînes d’approvisionnement et de valeur. Nous cherchons les bons formats en termes de structure, de réglementation, d’accès… pour que du logement puisse se positionner au-dessus d’une halle par exemple.  

Quels sont les perspectives pour les futures générations d’urbanistes ?  

Nous sommes enseignants et constatons que notre monde en crise rend les perspectives très floues pour les futurs architectes. Ils ont un sentiment de culpabilité, lié au fait d’être à l’origine d’une urbanisation qui aggrave la question environnementale. Ils ont donc à cœur de réinventer le rôle de l’urbaniste. On leur apprendre à travailler en collectif et à être plus agiles, car on ne peut appliquer les mêmes recettes de manière systématique. Tout devient un cas particulier ! 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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