Albi, témoin de la revanche des villes moyennes
À l’occasion de notre série « Villes moyennes, le nouvel eldorado ? », nous avons rencontré Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d’Albi. L’exode urbain est-il une réalité, demain, pour nos métropoles ? Comment les villes moyennes observent-elles cette tendance, et comment s’y préparent-elles ?
Après une année de crise sanitaire marquée par des confinements successifs, anticipez-vous ou observez-vous déjà un regain d’attractivité de votre territoire ?
Il semble dans un premier temps important de rappeler que si le regard est peut-être en train de changer sur nos villes de taille moyenne, cela fait déjà de nombreuses années qu’elles travaillent à anticiper cette évolution, et notamment avec le souci de conserver cette taille « humaine », qui fait justement leur attrait. Nous ne sommes pas des métropoles en puissance, et notre identité est justement liée à cette qualité de vie et de ville que nous proposons à ceux qui nous rejoignent. Dans le territoire de l’albigeois, cela veut dire développer un certain nombre de services, proposer une urbanisation maîtrisée, et continuer à proposer de nouveaux équipements d’éducation, sportifs, culturels ou encore scientifiques…
Ce nouvel attrait dont vous parlez, vous le constatez dans les chiffres ?
Nous n’avons jamais eu autant d’enfants dans nos écoles, malgré des courbes démographiques plutôt descendantes. Ce regain d’intérêt, on le sent, et on l’observe depuis des années. Et en effet, il s’est accentué ces derniers mois. Et c’est normal : nos villes ont tout pour attirer. Non contentes d’offrir une meilleure qualité de vie, elles sont bien équipées, dynamiques d’un point de vue économique. Ici à Albi, nous avons des temps de déplacement incomparables avec ceux des métropoles, tout en étant à moins d’une heure d’un aéroport international. Nous avons aussi une offre de soins qualitative, des entreprises qui embauchent tous types de CSP, et un accent mis sur la formation, le sport sur la vie culturelle avec des scènes internationales.
Ce mouvement est-il selon vous strictement lié à la crise de la Covid ou était-ce déjà un phénomène perceptible avant la pandémie ?
Le télétravail est clairement une donnée qui impulse ce phénomène. Mais on peut aussi continuer à travailler dans une métropole et aspirer à vivre plus loin, dans l’aire métropolitaine. Dans ce cas, la proximité d’une grande ville devient un nouvel atout. Ce qui est le cas de notre territoire : au-delà de notre identité de ville, nous nous inscrivons dans l’aire métropolitaine toulousaine.
Cette nouvelle attractivité est d’ailleurs également visible lorsqu’on regarde à quel point le marché immobilier est actif. Cela dynamise le commerce en centre-ville. Mais nous travaillons à rester attentifs à ce que tous les parcours immobiliers puissent trouver réponse et à maintenir une diversité de populations, notamment étudiante, qui constitue 10% de la population municipale.
Ce regain d’attractivité pour les villes moyennes est-il un phénomène ponctuel ou peut-il selon vous s’installer dans la durée ?
L’avenir nous le dira. Ce qui est certain c’est que l’ouverture à l’urbanisation de certains secteurs, avec donc des écoles à venir en plus, attire de nouveaux arrivants. Nous œuvrons à conserver l’’équilibre de territoires à taille humaine, et ce en travaillant des plans locaux d’urbanisme à l’échelle de l’agglomération. Cela permet de penser l’urbanisation de manière cohérente et globale, et les transports pour apporter une qualité de vie de proximité. Nos villes sont à taille humaine car leur développement est modéré et accompagné. On ne pourra pas surconsommer le foncier et nous avons la volonté de conserver pour nos habitants des espaces de nature.
Pour exemple, nous avons crée il y a 10 ans une zone d’aménagement différé à l’intérieur d’un bras du Tarn, constituée de terres maraichères. Nous travaillons avec la Chambre d’Agriculture et le lycée agricole pour y intégrer des exploitants. L’agriculture urbaine est un axe fort de nos engagements. Nous mettons un point d’honneur à développer la consommation de produits locaux dans les cantines scolaires et l’usage de potagers dans les écoles. Nous avons d’ailleurs un maire adjoint en charge de l’agriculture urbaine !