
Résidences inclusives, coopératives d’habitants… Ces nouveaux modes d’habiter pensés pour le 3e et le 4e âge
Face au vieillissement de la population, de nouvelles formes d’habitat pour seniors voient le jour. Mieux adaptés aux besoins du grand âge, ils offrent une alternative aux modèles traditionnels grâce à des solutions plus humaines et plus participatives.
À RETENIR
- Face à l’augmentation prévue de 49 % des 75-84 ans d’ici 2030, de nouvelles solutions d’hébergement émergent pour pallier le manque de places en maisons de retraite et EHPAD, tout en favorisant autonomie et lien social.
- Les résidences inclusives, MARPA, béguinages et résidences intergénérationnelles offrent des cadres de vie sécurisés et conviviaux, privilégiant la solidarité et l’échange. Des dispositifs d’accompagnement à domicile, comme le DRAD, permettent également aux seniors de rester chez eux avec des services adaptés.
- Des projets innovants, comme la résidence Les Vignes ou la coopérative de Vaulx-en-Velin, favorisent une prise en charge collective et démocratique du vieillissement, en offrant des logements adaptés et des services mutualisés.
- Les municipalités et bailleurs sociaux adaptent leur offre de logements et leurs infrastructures, tandis que le Réseau francophone des villes amies des aînés soutient des initiatives globales en matière d’habitat, mobilité et participation citoyenne.
D’après une étude réalisée par le Haut-commissariat au Plan en 2023, d’ici 2030, le nombre de Français de 75 à 84 ans, qui représentent actuellement 20,5 % de la population, va augmenter de 49 %.
Pour couvrir les besoins, il faudrait mettre en service au minimum 108 000 places en maisons de retraite ou en EHPAD d’ici la fin de la décennie. Or, le nombre de places en établissements spécialisés n’augmente pas aussi vite.
Afin d’améliorer les capacités d’accueil et de proposer une autre façon de vivre le grand âge, de nouvelles formes d’habitat pour seniors se développent. Ces alternatives visent à promouvoir l’autonomie et la solidarité entre les résidents. Elles apportent à la fois une réponse aux enjeux démographiques à venir et aux critiques envers le modèle traditionnel. L’enjeu est de permettre aux seniors de bénéficier de services mutualisés et d’une vie sociale active, deux paramètres favorisant grandement leur bien-être.
Mieux vieillir ensemble
Plébiscitées par un nombre croissant de personnes âgées, les résidences inclusives et les coopératives d’habitants connaissent un grand succès. En milieu rural, la fédération nationale des MARPA (Maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie) propose un mode de vie identique à celui auquel les seniors sont habitués dans des résidences à taille humaine sécurisées 24 heures sur 24. Les personnes accueillies peuvent sortir librement et recevoir leurs proches, tandis que la convivialité est encouragée par le nombre réduit de résidents. À ce jour, la fédération MARPA regroupe près de 200 établissements répartis dans 70 départements, et 80 projets de nouveaux lieux sont en cours de réalisation. Citons également les résidences intergénérationnelles, conçues pour accueillir personnes âgées et étudiants ou couples avec enfants.
Proposition qui diffère là encore du modèle traditionnel, le « béguinage » est un ensemble immobilier comprenant entre 10 et 20 logements, qui est organisé autour d’espaces de vie partagés. Pensée pour être conviviale et solidaire, cette proposition inclusive s’adresse aux personnes qui veulent vieillir dans un cadre rassurant et familier, centré autour de l’échange avec l’autre, de la sécurité, de la santé et de la préservation de l’autonomie. En France, il y a plusieurs dizaines de structures de ce type, réparties sur l’ensemble du territoire national.
Près de Grenoble, la résidence Les Vignes propose le même type d’offre. Cette structure d’accueil pour le grand âge est constituée d’appartements regroupés à services partagés. Elle comprend 16 logements pouvant accueillir jusqu’à 18 personnes ainsi qu’un lieu de vie collective qui favorise la rencontre des locataires, des professionnels de santé et des familles. Une permanence est assurée 24 heures sur 24 par des auxiliaires de vie.
Autre innovation, le DRAD (Dispositif renforcé d’accompagnement à domicile) a été pensé pour que les personnes âgées puissent rester dans leur logement tout en ayant accès à l’ensemble des services proposés dans un EHPAD. Les bénéficiaires de ce programme sont suivis par un référent qui évalue leurs besoins et leur propose un plan d’accompagnement. Ils ont accès à des soins gériatriques prodigués à domicile, de même qu’à une aide aux repas, à la toilette, au ménage et aux démarches administratives. À noter que le logement des bénéficiaires est sécurisé en fonction de leur état de santé et qu’une surveillance est assurée 24 heures sur 24.
Dans la vallée de l’Isère, la communauté de communes Le Grésivaudan a expérimenté un projet similaire d’« accompagnement personnalisé à l’adaptation de son habitat pour vivre le plus longtemps possible chez soi ». Concrètement, une centaine de personnes âgées ont pu bénéficier de travaux d’aménagement de leur domicile pour pouvoir y rester en toute sécurité.
D’autres initiatives constituent une voie alternative et une tendance à suivre… À Vaulx-en-Velin, près de Lyon, un groupe de retraités a investi un immeuble de quatre étages pour y créer une coopérative d’habitants qui fonctionne sur le modèle de la démocratie participative. Chacun d’entre eux réside dans son propre appartement tout en bénéficiant des services de la collectivité et en prenant part aux décisions du groupe, ce qui leur permet de continuer à avoir une vie sociale active et de faire par eux-mêmes les choix qui les concernent.
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Le rôle des acteurs territoriaux
Outre ces projets portés par des associations et des particuliers, le vieillissement de la population est un sujet qui concerne aujourd’hui l’ensemble des acteurs territoriaux, que ce soient les municipalités, les bailleurs sociaux, les aménageurs ou les constructeurs, aussi bien en ville qu’en zone rurale, tant les enjeux sociaux et économiques sont importants.
Dans le Morbihan, Grand-Champ a été la première commune à devenir « senior-friendly » en transformant ses espaces de vie pour que jeunes et anciens puissent cohabiter harmonieusement. Un peu partout, le parc HLM s’adapte à cette nouvelle réalité en proposant des logements sociaux prévus pour les personnes âgées, avec des rampes d’accès, des volets roulants motorisés et des douches de plain-pied en remplacement des baignoires.
Pour soutenir ces projets, le Réseau francophone des villes amies des aînés (RFVAA), qui regroupe plus de 170 municipalités, a élargi son champ d’action au-delà de l’habitat, avec des initiatives qui concernent la mobilité, la culture et les loisirs, la participation citoyenne et l’emploi. Tout indique qu’avec l’allongement continu de l’espérance de vie, les territoires deviennent de mieux en mieux adaptés au vieillissement.