Comment faire émerger des réponses appropriées et simples auprès des élus, des citoyens et des usagers ?
Comment concilier simplicité et efficacité dans les réponses aux enjeux territoriaux ? Dans cet entretien, Hélène Guillet, présidente du SNDGCT, partage sa vision de l’engagement dans la fonction publique territoriale, les défis de l’aménagement du territoire et l’importance d’une approche collective et méthodique face aux complexités locales.
À RETENIR
- Hélène Guillet souligne l’importance d’un engagement réfléchi pour intégrer la fonction publique territoriale, en insistant sur la diversité des métiers disponibles, l’intérêt général comme moteur et l’importance d’une bonne connaissance de l’environnement territorial.
- Les centres de gestion, bien qu’ils ne dispensent pas directement de formations, jouent un rôle clé en proposant des accompagnements stratégiques et opérationnels, notamment dans des domaines complexes comme l’aménagement du territoire, via des conseils et des soutiens aux employeurs publics.
- La présidence d’Hélène Guillet s’articule autour de trois axes : valorisation des fonctions de direction générale, participation aux réflexions stratégiques sur les politiques publiques (décentralisation, organisation du travail, etc.) et promotion de la coopération et de la synergie au sein des acteurs territoriaux.
- La réussite des projets d’aménagement repose sur une approche méthodique, l’écoute des besoins des territoires et des usagers, ainsi que sur des processus transparents et inclusifs, dans lesquels les directions générales jouent un rôle de coordination et de soutien stratégique.
Directrice générale des services, pendant près de 20 ans, que diriez-vous aux jeunes qui s’interrogent à rejoindre la fonction publique territoriale ? Quelle est l’attractivité des postes en collectivités locales aujourd’hui et comment développe-t-on l’adhésion à cette marque employeur particulière ?
Hélène Guillet : Rejoindre la fonction publique, notamment territoriale, est une démarche d’engagement vers le travail et l’emploi. Cela suppose d’être au clair sur son projet immédiat et de se poser quelques questions préalables. Quels sont les domaines qui m’attirent ? Plutôt opérationnels, avec de l’action directe aux habitants, aux citoyens, aux usagers ? Ou plutôt supports dans les catégories ressources humaines, finances ou contrôle de gestion ?
Est-ce que je préfère travailler de manière isolée ou dans une équipe, ai-je de l’envie (et de la compétence !) pour occuper des fonctions managériales ?
Quel est mon métier ou si je viens de terminer mes études, comment est-ce que je peux capitaliser sur mon expertise, ma formation et en faire bénéficier mon organisation ?
Et enfin, peut-être surtout, est-ce que j’ai bien compris que travailler dans le secteur public suppose une compréhension et une appétence pour l’environnement territorial, l’intérêt général et le fondement de l’action publique ?
Il me parait important de se documenter, d’échanger, de rencontrer des personnalités et des professionnels du monde territorial, élus, directions générales, partenaires et acteurs du service public. Nos adhérents DGS et DGA sont répartis sur tout le territoire métropolitain et ultra marin, ils et elles sont souvent dans de nombreux réseaux, disposés et disponibles pour recevoir des jeunes qui ont envie de s’orienter vers la fonction publique territoriales ou qui ont simplement besoin d’un point de vue qui émane du « cœur de la machine ».
Au Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale de Loire Atlantique, proposez-vous des formations sur l’aménagement du territoire ? Comment formez-vous vos membres à ce sujet ?
Hélène Guillet : Les centres de gestion ne sont pas des centres de formation, cela relève du rôle du CNFPT. Mais nos équipes sont les premières interlocutrices des directions ou services des ressources humaines et des employeurs publics. C’est le cas bien entendu en Loire Atlantique et nous organisons une présence soutenue pour les aider à se repérer et proposer des accompagnements de natures très variées : développements de compétences stratégiques et opérationnels, management, accompagnements individuels et collectifs par exemple. Ces appuis peuvent être très utiles quels que soient les domaines d’action, cela vaut pour le secteur de l’aménagement du territoire, ô combien sensible et complexe.
À lire aussi
- « Penser la décentralisation pour favoriser l’innovation, en laissant davantage de marge de manœuvre aux élus »
- Les territoires jouent la carte du sport pour attirer les touristes
Dans le contexte actuel, quelles sont les priorités du Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales (SNDGCT) ?
Hélène Guillet : Lors de mon élection à la présidence nationale fin 2022 j’ai fixé 3 orientations fortes pour ce mandat.
La première est de poursuivre et d’accroître la valorisation, la notoriété et la défense des fonctions de direction générale territoriale.
La deuxième est de contribuer à tous les champs de réflexion et d’action qui relèvent de la responsabilité de la direction générale en collectivités, quels que soient la taille de l’organisation et son territoire d’influence. Autant dire que le panel est très vaste. Nous sommes d’ailleurs régulièrement sollicités et auditionnés, nous avons produit beaucoup de contenus sur des registres aussi divers que la décentralisation, la responsabilité des gestionnaires publics, la prévention de l’usure professionnelle, l’évolution des métiers du secteur public, les modalités d’organisation du travail…
Enfin, le 3ème domaine de priorités est celui de la mise en synergie, des coopérations à organiser et de la place occupée par le syndicat. Je pars de l’idée que nous n’avons plus le choix : les confrontations idéologiques et les rapports de pouvoirs à qui occupera le plus d’espace me semblent des postures archaïques, peu productrices d’impact positif et consommatrices d’énergie négative.
Quels conseils donnez-vous eux membres du SNDGCT pour réussir leurs projets d’aménagement ? Quels sont les exemples de projets urbains réussis pour vous ?
Hélène Guillet : Je me garderais bien de donner des conseils à nos 4000 adhérents et à toutes celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre, surtout dans le domaine de l’aménagement : d’une part parce que la plupart de nos adhérents disposent de l’ingénierie nécessaire dans leurs collectivités et/ou dans l’environnement partenarial de leurs organisations. Et surtout parce que je crois que la complexité des opérations d’aménagement au regard de l’écosystème, des multiples visions politiques et stratégiques, de la diversité des territoires et de leurs contrastes nécessitent des approches très fines et très diverses.
En revanche, je sais aussi que la rigueur de la méthode, le fait de partir des expériences terrain et de la réalité des usages sont des atouts de 1er plan, gages de réussites. Cette question de l’équilibre entre écoute du territoire et de ses différents publics et clarté, transparence des processus de construction, décision et information est centrale dans tous les grands projets de politique publique : elle apparait fondamentale en matière d’aménagement. Les directions générales y jouent un rôle important en ce qu’elles peuvent éclairer les visions, élaborer de réelles stratégies et soutenir utilement l’ensemble des acteurs de ces grands projets dans l’esprit que je viens de décrire.
Bio express d’Hélène Guillet
Présidente du Syndicat National des directeurs Généraux des Collectivités Territoriales (SNDGCT- syndicat professionnel) et Directrice Générale du Centre de Gestion de la FPT de Loire Atlantique.
Après une double formation universitaire en France et en Allemagne, complétée par un parcours haute fonction publique, HG est arrivée dans le milieu territorial par circonstances et y est restée par conviction. Elle occupe depuis 20 ans des postes de direction générale en collectivités avec deux spécialités : le jeu collectif et la transformation des organisations. Elle a ainsi été DGS de Thouaré-sur-Loire (2003), DGA de Rezé (2006) puis DGS dans la même commune (2014), DGS de Vertou (2015) puis DGS du centre de gestion de Loire Atlantique (2020).
Engagée bénévolement au sein du SNDGCT depuis 2003, elle a successivement occupé des fonctions de présidente départementale (2012), secrétaire générale adjointe (2016), vice-présidente nationale (2018), présidente déléguée (2021) puis a été élue en 2022 à la présidence nationale. Le SNDGCT est un syndicat professionnel qui fédère, à quasi-parité, près de 4000 DGS et DGA territoriaux (bloc local, institutions départementales ou régionales).
Elle est membre de cercles de réflexion (Cercle des acteurs territoriaux, IFGP) , membre de l’équipe pédagogique d’un cycle de formation des DG des grandes collectivités et a reçu l’insigne de Chevaleresse de l’Ordre National du Mérite en 2023.