Un petit chien en promenade dans une rue de Besançon.
Publié le 27.08.24 - Temps de lecture : 5 minutes

L’animal à Besançon: le guide des bonnes pratiques

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À RETENIR

  • Besançon a publié en 2022 un guide gratuit sur la cohabitation avec les animaux, traitant de la maltraitance, de l’éducation, de la stérilisation des chats, et des responsabilités des propriétaires d’animaux, tout en promouvant la biodiversité.
  • La ville mène une politique active de stérilisation des chats errants et propose des espaces dédiés aux chiens, avec deux parcs canins pour permettre aux animaux de se déplacer librement.
  • Besançon se classe 6e dans le baromètre « Une ville pour les animaux » de l’association L214, reflétant son engagement envers la condition animale et l’amélioration des relations humaines via les animaux.
  • Un événement « Besac Animal » est prévu en octobre 2024 pour sensibiliser les citoyens au bien-être animal, incluant conférences, concours photos, et participation des associations locales.

Imaginez une ville avec 14.000 chiens, une ville qui mène une politique de stérilisation des chats errants sans laquelle plus de 20.000 naissances auraient lieu en seulement quatre ans à partir d’un seul couple de chats non stérilisés, une ville qui intègre l’animal dans son aménagement urbain et qui sait l’importance de l’animal dans les relations entre ses habitants, une ville qui a publié un guide gratuit des bonnes pratiques qui donne des renseignements utiles concernant les animaux et rappelle les devoirs de chacun dans ce domaine, cette ville c’est Besançon.

« Trouver une cohabitation harmonieuse entre l’Homme, les animaux et la nature »

Sous l’impulsion de Marie-Thérèse Michel, conseillère municipale déléguée à la condition animale, à la faune et à la flore, sous la mandature d’Anne Vignot, maire de Besançon, ce document « qui s’adresse à tous les habitants, qu’ils soient propriétaires ou non d’animaux afin de trouver une cohabitation harmonieuse entre l’Homme, les animaux et la nature » a été publié en 2022.

« L’animal à Besançon, le guide des bonnes pratiques » traite de l’adoption d’un animal, des responsabilités des propriétaires, de la maltraitance et de l’abandon des animaux domestiques, de l’éducation des chiens, de la stérilisation des chats, des déjections sur la voie publique ou du nourrissage des animaux et notamment des oiseaux.

Il explique également comment vivre avec des NAC, ces Nouveaux Animaux de Compagnie que sont les reptiles, les poules, les animaux liminaires, qui ne sont pas domestiques mais qui vivent au milieu des humains (comme le rat, le pigeon ou le ragondin) ou les oiseaux tropicaux. Les habitants y trouvent également des réponses sur la façon de se débarrasser du moustique tigre, du frelon asiatique, des tiques, des punaises de lit, sans oublier des conseils pour favoriser la biodiversité dans son jardin ou sur son balcon, Besançon ayant été capitale de biodiversité en 2018.

L’inclusion de l’animal est un vrai maillon essentiel de la chaîne relationnelle.

Ce guide est aussi l’occasion de rappeler à leurs propriétaires que les chiens doivent être tenus en laisse sur tout le domaine public – à moins qu’ils soient sur « l’aire d’ébats » de la Gare d’eau, l’un des deux parcs canins à Besançon où les chiens peuvent courir en toute liberté avec le parc canin – et que ramasser leurs déjections n’est pas une option (chaque année, 700.000 sacs sont retirés des 182 distributeurs de la ville prévus à cet effet).

Pour donner un côté vivant et décalé à ce guide, Marie-Thérèse Michel a choisi de faire « témoigner » les animaux, ce qui au-delà du côté sympathique de l’exercice, invite à prendre conscience de l’importance du vivre ensemble, en l’élargissant bien au-delà des seules diversités humaines. L’inclusion de l’animal est un vrai maillon essentiel de la chaîne relationnelle. Il existe d’ailleurs une application Smart-Faune créée par la Ville, un outil collaboratif qui permet aux habitants de recenser la faune et la flore sauvages du territoire.

Si Besançon n’est pas la première ville à avoir publié un tel guide, elle fait partie des municipalités qui ont une vraie politique de l’animal en ville, soulignée par la création de cette délégation en charge de la condition animale. Outre la publication de ce guide et la campagne de stérilisation des chats, Marie-Thérèse Michel rappelle les deux repas végétariens hebdomadaires servis dans les cantines, la suppression des moyens létaux utilisés à une époque pour capturer les pigeons ou les corneilles ou encore le deuxième parc canin ouvert boulevard Léon Blum qui vient s’ajouter à l’aire d’ébats près de la Gare d’eau.

La capitale franc-comtoise figure à la 6ème place du classement « Une ville pour les animaux » de l’association L214, dont les militants sont connus en France pour leurs actions et vidéos sans filtre. Cette association qui soutient la cause animale est à l’origine de ce baromètre national qui évalue 132 villes de plus de 50.000 habitants. « Anne Vignot a fait partie des premiers signataires de la charte créée en 2020 pour les élections municipales qui engageait les candidats » rappelle Erwin Goeller, de l’observatoire Politique & Animaux de L214. Le premier classement est sorti en 2022 avec 20 indicateurs mis en place correspondant à une vingtaine d’objectifs.


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Les animaux sont de formidables liens sociaux

Marie-Thérèse Michel explique à quel point la population a bien réagi à l’initiative de ce guide :

« Cette idée de guide est née en 2020 en même temps que l’organisation de la campagne de stérilisation des chats, juste après l’élection d’Anne Vignot qui avait fait de la condition animale un élément fort de son programme. J’ai également mis en place une petite carte intitulée J’ai un animal seul chez moi. Les habitants indiquent dans cette petite carte le nom de leur animal et le nom de la personne à contacter en cas d’urgence. C’est une idée qui a été très bien reçue, les Bisontins étaient enchantés que ce sujet soit enfin traité à la hauteur de leurs attentes. Les animaux sont de formidables liens sociaux, lorsque les gens se croisent sans chien, ils se saluent ou discutent moins que lors de promenades avec leur animal ».

Avec le parc canin récemment ouvert, la ville de Besançon démontre l’importance de l’aménagement urbain pensé pour l’animal. En consacrant tout un terrain aux chiens, qui leur laisse la liberté de courir, de jouer, et sur lequel les propriétaires d’animaux vont porter une attention particulière à la propreté puisque l’émulation du comportement humain existe, la ville permet aux parcs publics et à ses usagers d’être davantage protégés des incivilités comme les chiens non tenus en laisse ou le non-ramassage des déjections canines. Avec une réelle amélioration, puisqu’il a été constaté une baisse significative de problèmes liés aux chiens dans les parcs traditionnels. Les animaux mettent en lumière l’incivilité des humains. Il en va par exemple de leur responsabilité de laisser les déchets alimentaires proliférer un peu partout, et c’est la principale cause de la venue des rats. En adaptant la ville aux animaux, il est possible que l’Homme progresse dans son comportement citoyen.

Le 30 mai dernier, la ville de Besançon a annoncé l’organisation d’une journée dédiée au bien-être animal. Elle se déroulera le 5 octobre prochain, à l’intérieur de l’Hôtel de ville. Tables rondes et visites guidées permettront de redécouvrir le patrimoine animalier de Besac, le surnom de Besançon, une manifestation qui enchante Marie-Thérèse Michel : « Besac Animal » ce sera la journée de l’animal en ville, bon nombre d’associations seront présentes, de grands concours photos seront organisés avec comme seule condition l’obligation de reconnaître Besançon sur la photo. C’est la première fois qu’un tel évènement est organisé dans les locaux de l’Hôtel de Ville avec des conférences-débats sur différents thèmes d’actualité et des réponses à toutes les questions que l’on peut se poser sur son animal et sa place dans la ville ».

D’autres régions s’investissent pour améliorer la place des animaux de compagnie dans leurs communes.

 

De nombreuses collectivités et régions ont mis en place des démarche dédiées aux animaux. Deux exemples parmi d’autres.

Sur le sujet, la démarche de la Région Île-de-France s’inscrit par exemple dans le cadre des conventions internationales sur les droits de l’animal, de la Déclaration universelle des droits de l’animal proclamée en 1978, ou de celles de l’Organisation mondiale de la santé animale.

Tous les 2 ans depuis 2020, la Région IDF distingue ainsi les communes franciliennes qui agissent pour la protection des animaux de compagnie, contre leur maltraitance et leur abandon avec le label « Ville amie des animaux ».

  • 44 communes ont été labellisées en 2020
  • 58 dont 31 nouvelles en 2022
  • 55 dont 21 nouvelles en 2024
  • Soit 110 communes labellisées à ce jour (sur 130 qui ont candidaté au cours des 3 sessions).

 

De son côté, la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur se tient aux côtés de de plus de 200 associations qui se mobilisent pour les animaux sans propriétaire, grâce à l’investissement de nombreux bénévoles. La Région propose aux communes de s’engager à ses côtés en mettant en place un label récompensant les communes agissant en faveur des animaux, et en faveur des citoyens propriétaires d’animaux.

 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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