Comment faire des économies d’eau en ville sur la durée ?
Avec le réchauffement climatique, le stress hydrique augmente dans chaque commune. Comment les maires peuvent-ils sécuriser leurs réserves vitales et inciter les habitants à adopter les bonnes pratiques afin de faire des économies d’eau en ville ?
À RETENIR
- Optimisation du réseau d’eau : Les municipalités peuvent réduire les prélèvements en milieu naturel en identifiant et réparant les fuites dans les canalisations, une action qui nécessite de programmer et budgétiser les réparations ou remplacements d’équipements défectueux.
- Récupération des eaux de lavage : Environ 10 % du volume hydrique traité, issu du nettoyage des filtres pour rendre l’eau potable, peut être récupéré, représentant une source d’économie d’eau en ville significative.
- Maillage du réseau d’eau : Assurer la continuité du service par un réseau maillé, où chaque abonné est alimenté par au moins deux ou trois sources d’eau, afin de garantir une distribution efficiente et résiliente.
- Initiatives locales et éducation : Les communes, à l’instar de Saint-Martin-du-Var, peuvent adopter des solutions pratiques comme le remplacement des robinets par des modèles à fermeture automatique et la récupération de l’eau résiduelle, tout en impliquant les citoyens par des actions pédagogiques et des campagnes de sensibilisation pour adopter des pratiques économes en eau.
Selon la dernière mise à jour du rapport Aqueduct du World Ressources Institute, une crise de l’eau sans précédent affecte déjà près de quatre milliards de personnes dans le monde. En France, le Ministère de la Transition écologique indique que le débit des rivières et des fleuves pourrait connaître un retrait de 70% en été dans certaines régions. Il faut ajouter à cela un niveau de remplissage des nappes phréatiques très inférieur à la normale car, depuis deux ans, les températures moyennes n’ont jamais été aussi élevées et le nombre de jours consécutifs sans précipitations jamais aussi important.
Alors que le risque de pénurie devient de plus en plus concret pour de nombreuses municipalités, quelles initiatives peuvent prendre les maires pour faire des économies d’eau en ville ?
Il faut pouvoir budgétiser la réparation ou le remplacement des équipements défectueux. Ce sont des travaux qu’il faut programmer mais qui permettent d’économiser l’eau de façon conséquente
Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var
Quatre leviers pour organiser les économies d’eau en ville
Pour les élus, le premier réflexe à avoir est d’identifier les améliorations qui peuvent être apportées au réseau. Pour diminuer les prélèvements dans le milieu naturel, il est possible d’optimiser les rendements en repérant les fuites d’eau et en colmatant les canalisations. « Il faut pouvoir budgétiser la réparation ou le remplacement des équipements défectueux. Ce sont des travaux qu’il faut programmer mais qui permettent d’économiser l’eau de façon conséquente. » explique Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var, Vice-Président de la Métropole de Nice et Président du Club des économies d’eau.
Le deuxième levier à actionner, c’est la récupération des eaux de lavage utilisées pour nettoyer les filtres qui servent à rendre l’eau potable, et qui représentent à peu près 10 % du volume hydrique traité.
Ensuite, pour garantir la continuité du service, le maillage du réseau apparaît également comme une solution prometteuse, chaque abonné en zone d’habitat dense étant alors alimenté par au moins deux ressources en eau, voire trois quand c’est possible.
Enfin, les communes peuvent déployer des initiatives complémentaires. « A Saint-Martin du Var, j’ai remplacé les robinets des fontaines par des boutons qui se ferment automatiquement, ce qui évite que l’eau ne coule pendant des jours. Par ailleurs, nous récupérons l’eau qui reste au fond des carafes à la cantine scolaire. En cumulant ces différentes économies, (lutte contre les fuites dans les réseaux, modification du process, lutte contre le gaspillage) nous avons diminué les prélèvements dans le milieu naturel de 25 % en dix ans. » précise Hervé Paul.
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Impliquer les populations
De son côté, le consommateur peut mettre en œuvre toute une série de bonnes pratiques. Fermer le robinet quand il se brosse les dents, ne pas prendre de bains, ne pas laver sa voiture, laisser les plantes à l’ombre plutôt qu’en plein soleil pour moins les arroser, bâcher la piscine pour éviter l’évaporation… Lorsque des milliers de personnes appliquent en même temps ces petits gestes, l’économie est considérable. « Quand la ressource était en tension en 2022, nous avons envoyé des SMS à tous nos abonnés en leur disant que s’ils ne faisaient pas un effort, la commune allait être obligée de faire des restrictions. Cela n’a pas été nécessaire car la consommation a baissé de 20 %. » relate Hervé Paul.
Pour que les administrés puissent plus facilement appliquer ces bonnes pratiques, les maires peuvent mener des actions pédagogiques dans les écoles ou organiser des réunions publiques. Cela vaut pour les élus eux-mêmes. « Chaque année, le Club des bonnes pratiques pour les économies d’eau, piloté par la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), permet à des services d’eau, des entreprises ou des collectivités qui ont une démarche exemplaire et des résultats probants de recevoir un trophée et de partager leurs initiatives auprès de leurs pairs. » conclut Hervé Paul.
