Design actif : parents et enfants jouant dans l'espace public sur de grandes formes colorés invitant à courir, sauter, etc. Crédit-Nicolas-Mahu
Publié le 19.04.23 - Temps de lecture : 3 minutes

Design actif : quand la dépense physique devient urbaine et spontanée

Des trottoirs colorés et escaliers ludiques pour lutter contre l’accroissement des comportements sédentaires ? Plusieurs villes ont déjà fait le pari du design actif afin de faciliter la mobilité pédestre.

Nicolas Lovera a la certitude que la pratique sportive de demain ne s’effectuera plus nécessairement au gymnase ou au stade, mais qu’elle se manifestera dans la rue. “Notre rôle est d’amener l’exercice physique au plus près de l’usager, dans la ville. Pour ce faire, il nous faut proposer des équipements qui puissent répondre aux attentes de Monsieur et Madame Tout-le-monde d’une part, et qui puissent inciter les non-sportifs à entreprendre une activité d’autre part. Cela passe notamment par le développement du design actif à grande échelle”, précise l’homme à la tête de la société Playgones, distributeur et installateur de structures ludiques et sportives.


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À son cœur d’activité traditionnel (infrastructures collectives pour les aires de jeux, stades et gymnases), l’entreprise lyonnaise a ajouté en 2016 une offre de mobilier urbain destiné à l’agencement de l’espace public dans le but de développer le sport en accès libre, après que son dirigeant a constaté le boom de l’active design à New York il y a une dizaine d’années. Ce concept, né en Amérique du Nord dans les années 90, consiste en la métamorphose d’espaces non dédiés au sport initialement mais dont l’aménagement est susceptible d’amener les individus à entreprendre un effort spontané. “Il s’agit de rendre attractif quelque chose qui ne l’est pas forcément à la base. Cela peut prendre la forme d’un escalier ludique poussant les passants à le privilégier au détriment d’un ascenseur, d’un banc public transformé en banc de musculation, d’un parcours coloré incitant à la marche, ou encore d’une refonte des trottoirs aux abords des établissements scolaires, etc.”, révèle Nicolas Lovera. Il cite en exemple cette marelle géante et ce petit mur d’escalade récemment installés à Saint-Dizier dans le but de rendre le trajet vers l’école plus dynamique pour parents et enfants. “Cela permet de recréer des moments de vie, le passant se réapproprie le trottoir, et ce dernier n’est plus un simple espace de passage mais devient un lieu d’interaction, note-t-il. Le design actif a cette capacité de reconnecter les gens.

Territoires pilotes

À l’heure où tout encourage à la sédentarité, et qu’un adulte sur deux est en surpoids, le design actif répond alors à un enjeu de santé publique. Il semble en tout cas que les acteurs de l’urbanisme l’ont compris : voilà cinq ans que la tendance gagne du terrain en France, d’après l’entrepreneur, qui admet intervenir sur des projets de plus en plus significatifs et avec des moyens de plus en plus importants. Un écosystème se développe : Décathlon, notamment, a également pris le pas de l’active design. “Nos principaux clients sont les collectivités, appuie Nicolas Lovera. Mais depuis quelques années, les sociétés foncières immobilières s’intéressent fortement à la question et intègrent le design actif dans leurs dossiers. La question de la pratique ludique et sportive au sein des aménagements était autrefois annexe, elle est devenue centrale : ‘comment faire pour mettre en mouvement les gens sur ce nouveau parc immobilier pour lequel je postule ?’” Les pouvoirs publics, quant à eux, semblent aussi avoir pris la mesure de l’enjeu. Ainsi, dans le cadre du dispositif Action Cœur de ville visant à rebooster l’attractivité des villes moyennes, l’Agence nationale pour la cohésion des territoires a noué un partenariat avec le COJO pour monter le label “Terre de Jeux 2024” auprès de six territoires pilotes : Limoges, Bourges, le Grand Paris, Saint-Dizier, Châtellerault et Saint-Omer. “Cette collaboration s’appuie notamment sur la promotion du design actif dans un objectif de sport-santé, indique Céline Champagne, directrice de projet Action cœur de ville pour la Communauté d’agglomération du Grand Châtellerault. L’objectif est double : faire bouger les habitants et inviter à la redécouverte de la ville grâce à un parcours reliant la gare au centre piétonnier. Il fallait redonner aux locaux l’envie de s’approprier l’espace public, de se rencontrer. Le chemin existait initialement mais il n’était pas très emprunté autrefois car peu lisible et peu chaleureux.” Alors, à l’été 2022, le parcours en question s’est paré de multiples motifs colorés au sol : traces de pas, montgolfières, silhouettes d’escargot. Ludique et convivial, le circuit en est jalonné de jeux pour enfants. Sont actuellement à l’étude pour agrémenter le trajet, des bornes de rechargement de batterie que l’on actionnerait à la pédale et un espace de glisse. “Cette opération a été très bien perçue de la part des commerçants, signe que l’opération a permis à ce passage d’être de nouveau emprunté, insiste Céline Champagne. En plus de son bénéfice sanitaire, le design actif s’inscrit complètement dans une démarche de redynamisation du cœur des villes de taille intermédiaire.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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