Quand la rénovation urbaine renforce la qualité de vie et la mixité à Épinay-sur-Seine
Après une première programmation initiée en 2006, la ville d’Épinay-sur-Seine entre aujourd’hui dans une seconde phase de rénovation urbaine. L’occasion pour Hervé Chevreau, maire de la ville, de dresser un bilan et d’exposer les ambitions sociales et environnementales de ce nouveau cycle de travaux.
Le premier programme de rénovation urbaine à Épinay-sur-Seine a été lancé en 2006. Quel bilan en tirez-vous ?
Hervé Chevreau : Il y a vingt ans, le centre-ville était encore dans un urbanisme de dalle caractéristique des années 1960. Il y avait peu de présence humaine sur les trottoirs. L’espace public, au niveau de la rue, était occupé par les voitures. Les piétons et les habitants, sur la dalle, évoluaient d’une passerelle ou d’une coursive à l’autre, et l’on accédait au niveau supérieur par des escalators. Le premier programme de rénovation urbaine, en démolissant de nombreuses tours, a permis de ramener les piétons au niveau de la rue. Nous observons aujourd’hui un nouveau partage de l’espace dans lequel les piétons, les cyclistes et les automobilistes cohabitent.
La rénovation urbaine a également rendu possible un redéploiement des transports collectifs : le tramway et le réseau de bus desservent aujourd’hui toute la ville. Elle a également permis un embellissement du cadre de vie. La nature est plus présente. Les espaces publics sont plus nombreux et beaucoup mieux aménagés. La place René Clair, par exemple, a été entièrement refaite. Chaque aménagement a été pensé de façon à redonner une place à l’humain, à ramener la vie au cœur du bâti.
Il faut enfin souligner que les quartiers, grâce à l’effet d’ouverture produit par la rénovation urbaine, sont aujourd’hui mieux reliés à leur environnement immédiat, et en particulier à la Seine. L’aménagement de la voirie, des espaces publics, et l’extension des jardins ont facilité l’accès au fleuve. Il est impossible de parler de la rénovation urbaine sans évoquer cette redécouverte de la Seine par les habitants.
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Quelles sont les prochaines étapes de la rénovation urbaine à Épinay-sur-Seine ?
Hervé Chevreau : Nous entrons aujourd’hui dans la seconde phase du NPNRU. Elle concernera à la fois les quartiers du centre-ville qui n’ont pas encore été rénovés, le quartier d’Orgemont et celui de La Source – Les Presles.
Dans le centre-ville, deux autres tours devront être démolies et des immeubles de plus petite taille seront construits. Mais le plus gros chantier sera la requalification de l’esplanade de l’Hôtel de Ville. La dalle sera végétalisée, des arbres seront plantés, ce qui impliquera de supprimer des places de parking en sous-sol. Il est également prévu de faire revenir des commerces et des services à proximité.
Sur Orgemont, le quartier sera entièrement reconfiguré. L’un des enjeux sera de détruire les espaces et les équipements publics (écoles, gymnases, etc. ), aujourd’hui en cœur d’îlot, et de les reconstruire pour qu’ils soient plus accessibles depuis la rue. Un grand parc traversera le quartier du nord au sud et débouchera sur un belvédère offrant une vue sur la Seine.
À La Sources – Les Presles, nous trouvons un mélange de copropriétés, d’habitat social et de zones pavillonnaires. Ces morceaux de ville se sont développés sans grande cohérence au gré de la libération du foncier dans les années 1960. L’enjeu sera de recréer un canevas urbain, avec l’équivalent de places de village aménagées de façon à concentrer les commerces et insuffler un nouveau dynamisme au quartier.
Quel sera le rôle de l’ANRU dans cette seconde phase de rénovation urbaine ?
Hervé Chevreau : Comme dans tout programme de rénovation urbaine, l’ANRU interviendra dans le financement et l’accompagnement du projet. La grande force de l’agence est sa capacité à fédérer les acteurs : les collectivités, les bailleurs sociaux, les copropriétés, les acteurs privés… Rien ne serait possible autrement.
En quoi la rénovation urbaine est-elle si importante pour Épinay-sur-Seine ?
Hervé Chevreau : De nouvelles écoles, de nouveaux équipements culturels ou sportifs, de nouveaux espaces verts, profitent directement aux habitants et à leurs enfants. C’est le premier objectif de la rénovation urbaine : améliorer la qualité de vie de nos administrés. En mettant fin à la situation d’enclavement de certains quartiers, en ouvrant les immeubles sur l’extérieur, elle contribue également à réduire l’insécurité. C’est aussi un levier particulièrement efficace pour promouvoir la mixité dans des quartiers qui ont longtemps souffert de leur trop grande homogénéité. Mixité sociale : lorsque la destruction de 1 000 logements sociaux s’accompagne d’une nouvelle programmation associant un tiers de logement social, un tiers d’accession sociale, et un tiers d’accession traditionnelle à la propriété, c’est un nouveau parcours résidentiel qui est offert aux habitants. À cet effet de mixité sociale s’ajoute la mixité des usages, dès lors que la rénovation prévoit, comme c’est le cas à Épinay-sur-Seine, de faire une place plus grande aux commerces pour revitaliser les quartiers. Il y a enfin dans la rénovation urbaine un dernier enjeu qui est de bâtir une ville résiliente et durable.
De quelle façon la rénovation urbaine peut-elle contribuer à bâtir une ville durable ?
Hervé Chevreau : Les travaux que nous menons auront des effets sur le très long terme. Il est donc de notre responsabilité que la ville de demain, au travers des choix d’aménagement qui seront faits, soit en phase avec les enjeux du siècle qui vient. C’est la raison pour laquelle a été élaborée une Charte du développement durable, signée par l’ensemble des acteurs de la rénovation urbaine. La nature en ville est érigée en priorité. Des objectifs très ambitieux sont fixés concernant les normes techniques des bâtiments, puisqu’est privilégiée la construction de bâtiments passifs, voire à énergie positive grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques. Les dispositifs d’économie circulaire sont fortement encouragés, avec un objectif de 25 % de réemploi des matériaux sur les aménagements urbains. Nous espérons ainsi que cette seconde phase du NPNRU, par ces orientations, contribue aux objectifs de décarbonation que la France s’est fixés à l’horizon 2050.