Publié le 20.10.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Quelles solutions pour les mairies face à l’explosion du coût de l’énergie

Depuis le début de l’année 2022, l’énergie n’a cessé d’être au cœur de l’actualité, entre relance du nucléaire, crise du gaz en Europe, sabotage présumé des gazoducs Nord Stream… En cette rentrée, c’est la spectaculaire hausse des prix qui préoccupe les Français. Le coût de l’énergie met en difficulté les citoyens, les entreprises, mais aussi les mairies. Dans les petites villes et les villes moyennes, en particulier, la facture très salée complique l’élaboration des budgets.

En septembre les maires ont sonné l’alerte, notamment par la voix de l’Association des Petites Villes de France (APVF). Son président, Christophe Bouillon, maire de Barentin (Seine-Maritime, 12  300 habitants) a évoqué un « black-out » territorial, avec une dégradation forte des services, si l’État n’apporte pas son secours aux collectivités. « Il est certain que des élus seront contraints de fermer certains équipements cet hiver. » ajoute au micro de TF1info Alain Chrétien, maire de Vesoul et coprésident de la commission Développement économique, Tourisme et Commerce de l’AMF.

Face au coût de l’énergie, les mairies lancent la chasse aux gaspillage

En effet, dans l’urgence du bouclage du budget, de nombreuses communes ont été obligées de fermer des services. Chauffage limité à 19° dans les écoles d’Angers, marché de Noël moins lumineux à Strasbourg, Tour Eiffel éteinte la nuit à Paris, les exemples ne manquent pas en cette rentrée.

De fait, face à l’augmentation du coût de l’énergie, les mairies ont enclenché une série de mesures d’économie bien avant la crise. Notamment sur l’éclairage public. Selon le dernier rapport quinquennal de l’ADEME, ce poste de dépenses est évalué à environ 41 % des dépenses en électricité des communes. Deux options : l’extinction, avec les problèmes de sécurité publique que cela peut engendrer, ou la modernisation. Selon Christophe Bouillon, « les collectivités ont commencé il y a déjà quelques années à remplacer l’éclairage classique par du LED, avec de vraies économies à la clef. » De même, la question du chauffage a déjà été abordée. L’ADEME a souvent incité les territoires à se saisir de la question du chauffage urbain, et à desservir l’ensemble de leurs équipements avec de la biomasse ou de la géothermie. Enfin, le photovoltaïque, autrefois écarté pour son coût d’installation trop élevé, devient à nouveau une option : « de plus en plus de communes s’intéressent aux espaces de stationnement et à la possibilité d’y mettre des ombrières avec des panneaux solaires », ajoute le président de l’APVF.


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La rénovation énergétique est un autre levier possible, mais il impose des investissements difficilement accessibles aux petites villes. Au moment des dernières élections, de nombreuses mairies ont réalisé des diagnostics énergétiques pour engager des travaux de rénovation, notamment sur leurs bâtiments publics datant des années 1970, qui nécessitent d’importants travaux de mise en conformité. Pour Christophe Bouillon, « c’est beaucoup plus long, beaucoup plus cher, et avant d’être une économie c’est une dépense. Sur ce point-là, les collectivités ont besoin d’être accompagnées ».

L’État monte au créneau

L’accompagnement de l’État peut se traduire par l’intervention dans le cadre de la DSIL, de la DETR, mais aussi plus récemment du « Fonds Vert ». Annoncé par Elisabeth Borne le 27 août, ce fonds d’1,5 milliards d’euros, est destiné aux collectivités « pour les aider dans l’accélération de leur transition écologique ». « Pour qu’il soit utile, il faut qu’on en connaisse le mode d’emploi », clame le président de l’APVF.

Les petites villes et villes moyennes, entre 2 500 et 25 000 habitants, comptent près de 26 millions d’habitants. Elles ont des équipements de service public, mais pas forcément l’ingénierie pour les entretenir. L’urgence de la rénovation, et la nouvelle vague d’aides de l’État pourrait engager les entreprises à s’intéresser à ce marché, et à impacter la vie de nombreux Français.

Devoir d’exemplarité

Le coût de l’énergie n’est donc plus une actualité lointaine, mais bien un nouvel enjeu dans la vie quotidienne des Français, et dans celle de leurs élus locaux. Le maire de Barentin ajoute : « Les Français sont conscients qu’ils doivent faire des économies, mais il ne faut pas non plus attiser la peur. Là où ils nous attendent, c’est dans l’exemplarité. Tout le monde doit jouer le jeu, y compris les collectivités. Les habitants ne supporteraient pas qu’il y ait une augmentation d’impôts ou des fermetures de services dans leur commune si tout n’a pas tout été tenté avant. »

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