Vue aérienne du futur village olympique en Seine-Saint-Denis
Publié le 01.06.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Village des athlètes : un projet durable pour 2024… et bien au-delà

Construit en Seine-Saint-Denis, le futur Village des athlètes 2024 a été pensé comme un quartier durable, mobilisant le meilleur de l’innovation technique pour répondre aux contraintes climatiques. Enraciné dans un territoire dont il prend en compte les spécificités, il a été conçu pour répondre aux attentes citoyennes d’une fabrique de la ville plus vertueuse.

Un village ? Pour l’architecte Dominique Perrault, concepteur du projet, le Village des athlètes de 2024 est d’abord « un vrai morceau de ville, répondant à tous les défis posés par l’urgence climatique », avant d’être un lieu d’hébergement temporaire pour les 15 000 athlètes attendus en 2024. Répondant aux exigences du plan Héritage et Durabilité des organisateurs, ce quartier réversible de 330 000 m2 sera en effet transformé après 2024 pour deux tiers en logements et pour un tiers en bureaux. « Nous devons à la fois faire face à l’urgence climatique et nous inscrire dans un territoire bien spécifique », expliquait Dominique Perrault lors du vernissage de l’exposition « District 2024, au-delà du Village des athlètes », organisée depuis le 13 mai dans le cadre de la Biennale d’Architecture et de Paysage (BAP), à Versailles. Tout le projet a été pensé pour pouvoir à la fois être utilisé comme « un dortoir à l’Américaine » éphémère et comme un quartier pleinement intégré à la vie urbaine, présentant les meilleures conditions d’habitabilité dans le contexte de l’intensification du changement climatique. « Nous nous sommes projetés en 2050, en intégrant tous les héritages et toutes les contraintes des lieux », poursuit Dominique Perrault.

Village des athlètes 2024 : un quartier enraciné, réversible et résilient

C’est en partant de la géographie du territoire et en s’inspirant de Paris et de l’Ile-de-la-Cité que l’architecte a conçu son projet : « Nous sommes partis de ce lien vital qu’est la Seine. Nous avons observé les vents dominants sur le fleuve. Puis nous avons pensé ce quartier comme un prolongement de l’histoire, en relation avec le cœur de Paris, en faisant un parallèle entre l’Ile-de-la-Cité et l’Ile-Saint-Denis. » Prenant le contre-pied des grands ensembles, « qui ont mis à distance les lieux de vie et les lieux de travail », le concepteur du Village des athlètes de 2024 a souhaité que le site accueille au total 6000 habitants et 6000 emplois. Le projet repose finalement sur un renversement de perspectives. Il ne s’agit pas de construire un équipement temporaire, surgissant ex nihilo dans un territoire sans racine. Mais au contraire d’un projet de long terme, organique, au service des habitants. Le concept de réversibilité défendu par Dominique Perrault prend ainsi tout son sens : « La résilience du projet repose autant sur les racines géographiques et historiques du territoire que sur une réversion d’usage », résume-t-il.


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C’est fort de cette vision que Nicolas Ferrand, directeur général de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), a pu à son tour défendre lors de la BAP les moyens déployés pour la mise en œuvre de ce projet ambitieux, qui représente 64 ouvrages et un budget total de 4 milliards d’euros. La mise en œuvre répond selon lui à trois enjeux. D’abord la biodiversité : le Village des athlètes de 2024 doit permettre de « recréer un lien entre la Seine et les voies ferrées », en particulier avec le Grand Paris Express qui est « le cordon ombilical du projet », rappelait Dominique Perrault. Deuxième enjeu, le climat : « Le projet doit s’inscrire dans le temps long. L’été standard en 2050, ce sera la canicule de 2003 », expliquait Nicolas Ferrand. Intégrant les bénéfices de la Seine, les bâtiments sont conçus pour permettre « moins de 30 jours avec plus de 26 degrés, sans climatisation ». Dernier enjeu, le carbone. Pour le maître d’œuvre, la ville décarbonée attendue en 2030 par la COP21 peut se bâtir dès aujourd’hui « avec dix ans d’avance » comme le prouve la construction du Village des athlètes de 2024, « qui représente 45 % d’émission carbone ». Cette prouesse a été permise par l’intégration « d’innovation de rupture dans des techniques courantes ».

La vitrine de l’excellence et de l’innovation française

C’est finalement en faisant de la forte contrainte temporelle du projet (dont l’échéance est au 31 décembre 2023) une opportunité que la Solideo a pu mobiliser les meilleurs savoir-faire français. En effet, la dynamique et le prestige des Jeux permettent de faire sauter des verrous réglementaires et de favoriser la recherche : « Cela nous aurait pris 15 ans dans un autre contexte », se réjouissait Nicolas Ferrand. D’autant qu’avec la présence attendue de 25 000 journalistes, les JOP constitueront une vitrine sans équivalent. « Le Village des athlètes de 2024 sera la meilleure démonstration de l’excellence française », soutient le directeur général de la Solideo. La commande publique constitue un autre atout de la mise en œuvre du projet, le ministère de l’Intérieur étant le commanditaire de 50 000 m2 de bureaux. Cependant, les 50 000 m2 restant présenteront une grande réversibilité, rendue par exemple nécessaire par la généralisation du télétravail, « avec une modularité à moindre coût permettant des usages nouveaux dans un horizon de 5 ans, voire de 3 ans », défendait Nicolas Ferrand.

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