À Mulhouse, le quartier Briand comme vitrine du renouvellement urbain

Dans le cadre d’une vaste politique de renouvellement urbain initiée en 2019, la Ville de Mulhouse apporte une attention toute particulière au quartier historique de Briand, et à son avenue éponyme. Profitant de la dynamique insufflée par le dispositif ANRU+, les équipes municipales ont misé sur la rénovation de trois lieux emblématiques de l’avenue.

La Box Briand, consacrée à l’insertion sociale des jeunes (© Ville de Mulhouse)

Redonner aux habitants du quartier Briand un sentiment de fierté locale, et améliorer leur qualité de vie par l’innovation sociale et la solidarité. Pour mener à bien cette revitalisation profonde articulée autour de trois lieux historiques de l’avenue Briand, la mairie rappelle l’ADN du projet, qu’elle veut garder en fil rouge tout au long de sa réalisation : une dimension participative, sociale et solidaire, dans un esprit de concertation. Pour l’ensemble des sites concernés, 10 M€ ont été alloués par l’État, via l’ANRU. Si le terme du chantier est fixé à l’horizon 2030, ses effets immédiats sur le quotidien des habitants devront être perceptibles dès 2024, conformément à l’engagement pris par les élus. Une ambition de taille, nourrie par des besoins quotidiens très concrets et déterminants pour l’avenir des Mulhousiens.

Grâce à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI Briand) lancé en 2019, la mairie a pu identifier les porteurs de projets qui incarneront le renouveau du quartier avec plusieurs impératifs : innovation collective, création d’entreprises et donc création d’emplois, action pédagogique, économie circulaire. Les entrepreneurs sélectionnés feront vivre ces valeurs dans trois lieux emblématiques de l’avenue Aristide Briand.

À Mulhouse, quand renouvellement urbain rime avec patrimoine commun

– L’ancienne boulangerie Spitz, une véritable institution de l’avenue Briand qui deviendra un lieu dédié à l’alimentation, avec un nouvel espace de restauration, des rencontres et des événements, (actions citoyennes, ateliers de cuisine, créations musicales…).

– La Box Briand. Elle doit son nom au premier acteur à avoir investi les lieux : l’organisation Elan sportif, qui œuvre à l’insertion sociale des jeunes par la boxe et le sport en général. La Box accueillera notamment dans ses étages des espaces de formation au développement web, via l’Accesscode School, en tirant le fil de l’insertion par la formation à de nouveaux métiers.

– Le Grand Atelier. Dans les murs d’une ancienne usine de miroiterie spécialement réhabilitée, cet espace de création sera consacré au textile, au recyclage, et à l’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi. L’atelier disposera d’un jardin partagé animé par le centre socio-culturel du quartier qui permettra d’appliquer le principe de l’économie circulaire.

L’avenue Briand, ou les « Champs-Élysées de Mulhouse »

Forte de son histoire et son identité, l’avenue conserve encore dans l’esprit des habitants de Mulhouse une dimension symbolique importante : voisine du plus vaste marché de la région Grand Est, elle voit affluer trois jours par semaine de nombreux visiteurs, souvent venus d’Allemagne et de Suisse. Ce brassage de cultures avec les habitants du quartier illustre la diversité et l’esprit qui caractérisent le lieu. Pour autant, Briand a peu à peu souffert d’une forme d’entre-soi, faisant naître chez ses habitants un sentiment grandissant d’abandon et d’impasse.

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Pour la mairie, l’avenue Briand doit aujourd’hui redevenir le carrefour de dynamisme et de mixité sociale qui ont fait sa réputation. Un vrai laboratoire permettant de rendre aux habitants leur fierté de vivre dans ce quartier, et d’accompagner leur montée en compétences tout en gardant un certain niveau de qualité des espaces publics et privés.

« Dans la mémoire des plus anciens habitants, l’avenue Briand, c’était les ‘Champs-Élysées de Mulhouse’. Cette artère est une très belle synthèse de la vie locale, avec des écarts de revenus importants et des sociologies très différentes. Mulhouse est une ville riche de ses 136 nationalités, avec un cœur beaucoup plus pauvre que la périphérie. Ces disparités en font justement un territoire particulièrement intéressant, car les enjeux y sont complexes et multiples. Pour tenter d’y répondre, nous voulons implanter localement des idées qui ont du sens et ne laissent personne sur le côté », explique Cécile Sornin, 2^e adjointe au maire, en charge de la vie citoyenne et de la politique de la ville.

Recréer le tissu social grâce aux métiers du textile

Le Grand Atelier (troisième site du projet AMI Briand), laisse entrevoir des perspectives particulièrement intéressantes en termes d’innovation sociale et de renouveau du quartier. Dans les murs de l’ancienne usine de miroiterie « Miroir Cité », il entend s’inscrire pleinement dans l’héritage social et historique de l’ancienne cité ouvrière. Conçu pour créer un pont entre l’industrie et l’artisanat, il accueillera notamment « La petite Manchester », une association spécialisée dans la filière textile. Récemment labellisée « manufacture de proximité », elle proposera des ateliers de formation pour implanter un programme d’économie sociale et solidaire. Un concept d’autant plus prometteur qu’il opère la jonction entre l’activité historique locale et le savoir-faire textile de certains habitants du quartier.

« Nous voulons prendre part à la revitalisation que connaît aujourd’hui la filière textile à Mulhouse et plus largement dans le Sud Alsace, surtout avec le chanvre et le lin. Il y a de la fierté à retrouver en étant capable de faire à l’échelle locale des choses qui font rêver et qui incarnent le développement économique de demain. L’idée de la petite Manchester a beaucoup mûri, surtout grâce à l’accompagnement significatif du dispositif ANRU+ », explique Cécile Sornin.

Pour pérenniser cette dynamique, qui a suscité beaucoup d’intérêt chez les artisans et les associations locales, la démarche a été pensée dans une philosophie de circuit court : grâce au jardin partagé du Grand Atelier, des plantes tinctoriales (très prisées pour les pigments et la coloration des tissus), pourront être cultivées sur place et directement exploitées par les artisans pour leurs créations.

Le jardin partagé du Grand Atelier (© JD Architecture)

Une maîtrise des projets de bout en bout par la municipalité

Soucieuse de concourir au renouveau de l’activité commerciale et d’assurer son ancrage à long terme, la municipalité réfléchit à se doter d’une foncière dédiée aux commerces sur plusieurs quartiers de la ville. Cette nouvelle entité stratégique permettra notamment à la collectivité de prendre la main sur certains axes majeurs de la ville à la fois sur le commerce mais aussi sur le logement ou l’accès aux services publics en proximité.

« La foncière sera un outil de plus au service du renouveau du quartier, souligne Alain Couchot, 3^e adjoint au maire de Mulhouse, en charge de la rénovation urbaine. Nous sommes très attentifs à la cohérence et à la complémentarité des projets mis en place. Nous voulons ouvrir Briand au reste de la ville, en refaire une artère forte à nouveau attractive pour les habitants de tous les autres quartiers ».

Le potentiel des villes moyennes s’illustre une nouvelle fois

Si les équipes municipales préfèrent décrire Mulhouse comme « la plus petite des grandes villes », sa superficie joue un rôle déterminant dans l’élan de dynamisme qu’elle connaît aujourd’hui, à l’image du développement urbain de nombreuses autres villes moyennes partout en France.

« C’est la taille de la ville qui nous permet d’expérimenter : nous avons la chance de pouvoir nous appuyer à la fois sur les moyens du dispositif ANRU+, la grande volonté de l’équipe municipale, mais aussi sur le secteur privé : ses acteurs entendent ce que nous disons, ce que nous voulons faire, et surtout comprennent notre ambition. Nous bénéficions d’une forme d’alignement des planètes dans notre objectif d’accomplir cette transformation de la ville. L’attractivité de Mulhouse est clairement là, toutes les semaines des promoteurs viennent nous voir en demandant pourquoi Mulhouse est passée sous leurs radars », s’amuse Alain Couchot.