Vague de chaleurs et précipitations extrêmes : comment les villes peuvent-elles s’adapter ?
Record historique de température au Canada, incendies inédits et incontrôlables en Australie, précipitations sans précédents en Allemagne et en Belgique, depuis quelques années les événements climatiques se multiplient. Dans un monde de plus en plus urbain, la ville doit donc anticiper et prévoir ces risques, mais comment ?
Nombreux sont les experts qui affectent tout ou partie de ces phénomènes à l’activité humaine. Artificialisation des sols, changement climatique, augmentation du niveau de la mer : les causes sont identifiées, les solutions moins évidentes. Une chose est sûre : impossible de nier l’impact de ces épisodes sur les réflexions quant à l’organisation de la ville de demain. Celle-ci fait alors face à deux types d’enjeux : la gestion de ces événements météorologiques pour en restreindre l’impact et leur anticipation pour en diminuer la fréquence.
Gérer aujourd’hui…
Il est sur toutes les lèvres. Le réchauffement climatique est désormais une problématique bien ancrée dans les consciences des citoyennes et des citoyens. Avec une augmentation moyenne des températures de près de 1 degré depuis la fin du XIXᵉ siècle à la surface du globe, la réalité du thermomètre est incontestable. Le niveau de la mer s’est quant à lui élevé d’environ 1,7 mm par an depuis 1901, et s’élève plus vite encore ces 20 dernières années, tandis que la masse des glaces terrestres ne cesse de s’amenuiser, là encore de manière plus criante ces 20 dernières années.
Toutes ces données, au-delà des chiffres, ont un impact réel sur l’environnement et sur l’être humain et ses activités. Il est donc nécessaire d’adopter des mesures compensatrices au cœur des écosystèmes exposés à ces conséquences négatives, dont les environnements urbains. Certaines initiatives vont dans ce sens et quelques acteurs, publics ou privés, proposent des mesures qui pallient les risques induits par le réchauffement climatique.
L’entreprise Soloven a par exemple développé un voile susceptible de créer de l’ombre et ainsi protéger le sol de l’exposition au soleil (et donc d’une trop forte chaleur) tout en réduisant les besoins en climatisation. Installés dans des établissements publics, des sièges sociaux, mais aussi dans une crèche à Périgueux, ces voiles permettent une optimisation des espaces naturellement surexposés au soleil.
Pour protéger durablement et efficacement les territoires et leurs populations des crues, l’entreprise ESTHI propose quant à elle une gamme d’équipement anti-inondations. Aux barrières anti-inondation périphériques, permanentes ou mobiles, s’ajoutent des portes et plaques anti-inondation installées directement sur le bâtiment qui les protègent des infiltrations d’eau, ou encore des équipements de protection de réseaux et fourreaux pour éviter notamment le refoulement des eaux d’inondation dans les réseaux d’assainissement.
Toutes les initiatives visant à réduire les effets de ces phénomènes ne sont pas nécessairement des innovations technologiques dernier cri. Preuve en est l’idée développée par la ville de Grenoble, qui a décidé de lutter contre la canicule en équipant certaines écoles de dispositifs d’arrosage branchés sur les réseaux d’eau potable et activés en cas de forte chaleur (et toujours en présence d’un ou d’une adulte) pour rafraichir les enfants. De même certaines municipalités, pour permettre à leur population de profiter d’îlots de fraîcheur, décident dans les périodes de forte chaleur, voire caniculaire, d’élargir les horaires d’ouverture de leurs parcs, jardins, piscines ou bains-douches. Deux solutions à bas coût qui améliorent la qualité de vie en ces circonstances exceptionnelles.
… en préparant demain
Ces mesures permettent notamment aux villes d’organiser leur propre résilience au changement climatique et à ses conséquences. Mais la ville de demain doit également anticiper à plus long terme pour minimiser son propre impact sur le changement climatique. Or comme souvent, la pédagogie et l’éducation sont le nerf de la guerre. En expliquant les risques, les enjeux, mais aussi les moyens de lutter et d’avoir un impact positif, les villes et collectivités organisent une meilleure circulation de l’information et donc une plus grande prise de conscience, et enfin une plus forte adhésion de ces sujets par ses habitants et habitantes.
La place de la végétation est un autre sujet phare parmi les mesures pour adapter la ville aux enjeux du changement climatique. Au-delà du confort visuel, une végétation plus dense possède de nombreuses vertus pour les espaces urbains. En matière de végétation urbaine, la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki a par exemple fait ses preuves. Elle consiste à planter de manière très dense de jeunes plants issus de la biodiversité locale. Pensé en amont de l’aménagement d’un territoire, ce type de plantation permet non seulement de diminuer l’effet d’îlot de chaleur en cas de canicule, mais également d’absorber le bruit et la pollution, ou encore contribuer à contenir les inondations et stabiliser les sols à proximité d’un plan d’eau.
La construction de la ville de demain s’adapte également aux nouvelles contraintes autant qu’aux nouvelles opportunités que la recherche et les avancées technologiques proposent.
La Métropole de Toulouse ou encore la ville de Nice ont par exemple installé sur une de leurs places des pavés rafraîchissants, qui permettent de recueillir et traiter les eaux de pluie souillée, et d’humidifier lesdits pavés pour en réduire la température (de 3 à 5 degrés en moins sur la température ressentie). Les bâtiments n’échappent évidemment pas à ces innovations, puisqu’elles sont toujours plus nombreuses à voir le jour. Peinture réflective anti-chaleur biosourcée, béton de chanvre pour l’isolation thermique, toitures végétalisées ou évidemment panneaux solaires… les idées et applications sont légion.
Une récente étude menée par BVA pour Millestone Systems intitulée « Les Français et la ville de demain » a révélé que plus de la moitié des Françaises et Français considèrent que la ville de demain doit avant tout être plus verte et plus durable. L’Agence parisienne du climat, en association avec l’ADEME, la Métropole du Grand Paris et la Ville de Paris a quant à elle lancé la plateforme Adaptaville pour recueillir et partager des informations sur les initiatives positives afin d’adapter les villes aux conséquences du changement climatique. De quoi alimenter les esprits les plus ingénieux pour réinventer la ville, en évitant les surchauffes.