Va-t-on vers un exode urbain durable ?
Au terme d’une année qui aura vu le Covid bouleverser en profondeur le mode de vie des citadins, nombreux sont ceux qui aspirent désormais à un cadre de vie plus rural, aéré et à proximité de grands espaces naturels. Se posent alors plusieurs questio
Au terme d’une année qui aura bouleversé le rapport au logement des urbains, anticipez-vous comme d’autres maires franciliens un exode urbain durable à l’issue de la crise sanitaire ? Y voyez-vous une opportunité pour Roissy-en-Brie et la Seine-et-Marne de manière plus générale ?
La crise que nous traversons depuis le printemps dernier est tout simplement inédite. Elle a pour conséquence un véritable bouleversement de nos sociétés, ainsi qu’un changement profond des habitudes. Parallèlement, la manière d’habiter et de vivre la ville a aussi été complètement repensée. Le confinement a fait prendre conscience à de nombreux franciliens de Paris et de petite couronne du besoin de vivre à proximité de grands espaces. La densité urbaine très importante et l’ambiance très minérale que l’on peut trouver en petite couronne a été vécue difficilement et ressentie avec beaucoup d’acuité. Dans ce contexte, nos territoires de moyenne couronne connaîtront dans les prochains mois une véritable attractivité. Ce renouveau d’intérêt, nous le connaissons déjà à travers notre position stratégique. Roissy-en-Brie, est en la matière un exemple très parlant : aux portes du Grand Paris et à proximité de son futur supermétro, notre ville est desservie par le RER E et dispose de deux accès directs à la Francilienne. Notre territoire a la chance de conjuguer la présence d’espaces verts, naturels et forestiers, avec une position stratégique en matière de transports. Les Franciliens de petite couronne ne s’y trompent pas, et les éléments dont nous disposons démontrent leur intérêt croissant pour s’établir sur la ville de Roissy-en-Brie.
Vous avez engagé un travail important autour de l’évolution de vos entrées de ville, quel est selon vous la place et le rôle de ces espaces dans la Ville d’aujourd’hui ?
Vous posez là un sujet majeur. Les entrées de ville sont tout simplement stratégiques : elles ont un rôle essentiel car elles constituent la vitrine de nos territoires. Roissy-en-Brie dispose notamment de deux entrées de ville qui offrent un accès direct avec la Francilienne. Il s’agit là d’une véritable opportunité dont il nous faut tirer parti. A cet égard, le projet Plein Sud, dont Nexity Villes et Projets est aménageur, constituera la véritable porte d’entrée de notre ville. Ce projet dont la concertation vient de s’achever devra intégrer fortement cet enjeu, car il bénéficie d’une localisation stratégique et unique. A nous, élus locaux, de conjuguer les nombreux avantages, mais aussi les quelques contraintes, induits par une telle situation.
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Traditionnellement, ces espaces ont souvent été pensés pour accueillir des locaux d’activité et des grandes surfaces, au détriment de la commercialité et plus globalement du dynamisme du centre-ville, comment vous situez-vous dans cette réflexion ?
Il est vrai qu’en la matière, les temps ont changé. Les entrées de villes monotones, ponctuées de zones commerciales en bardage grisâtre, sont révolues. Une importance capitale est aujourd’hui donnée à l’esthétique de nos villes, mais aussi à l’aspect qualitatif. C’est aux élus locaux, et particulièrement aux Maires, de se saisir de cet enjeu capital. Dans le même temps, il faut cesser d’opposer l’aménagement des entrées de ville avec le dynamisme de nos cœurs de ville. Nous devons nous atteler sur ces deux aspects de concert. Redynamiser le centre-ville de Roissy-en-Brie est, en ce qui me concerne, une véritable priorité, mais celle-ci s’inscrit en complémentarité naturelle avec l’aménagement de notre entrée de ville Sud, à travers le projet Plein Sud.
Riche d’un patrimoine naturel et paysager remarquable, Roissy-en-Brie est aussi une commune en croissance démographique, comment concilie-t-on aujourd’hui fabrique de la Ville et protection du patrimoine naturel ? Alors que les habitants des métropoles réclament désormais plus de nature et de vert, quelle place occupe selon vous la nature dans un projet urbain ?
Sur ce sujet aussi, je considère que ces deux enjeux sont conciliables, car on ne conçoit plus une ville de la même manière en 2021. La croissance démographique de nos territoires n’est pas exponentielle ni hors de contrôle, même si le besoin de logements est essentiel dans nos sociétés. Dans le même temps, je suis convaincu que nous devons imaginer la ville de demain afin que celle-ci soit en harmonie avec son environnement. La place de la nature n’est pas seulement cosmétique, reléguée aux extrémités de la ville. Elle est désormais intégrée au cœur des projets d’aménagement. Plein Sud en sera un exemple concret, avec ses plus de quinze hectares (soit presque la moitié de la surface de l’opération) de noues plantées, d’espaces paysagers, mais aussi d’agriculture maraichère de proximité. Je travaille aussi à la création d’un ensemble de forêts urbaines, avec près de 12 000 arbres au cœur de Roissy-en-Brie. Aujourd’hui, la place de la nature n’est pas qu’une simple compensation aux projets d’aménagement : elle devient un enjeu des projets. Nos territoires ont la chance de bénéficier de la présence de grands espaces naturels et forestiers : c’est en même temps une chance et un atout, et c’est le sens de notre travail au quotidien.