Qualité de l’air intérieur : un enjeu de santé publique
On entend souvent parler de la qualité de l’air extérieur : mais la qualité de l’air intérieur a aussi un coût en termes de santé publique. Et les acteurs, publics comme privés, sont et seront de plus en plus amenés à s’emparer de cette question. Éclairage avec Claire-Sophie Coeudevez, Ingénieur de stratégies de santé, cadre bâti et urbain, co-gérante Medieco.
Qu’est-ce que la qualité de l’air intérieur ?
Aujourd’hui, il n’y a pas de définition réelle de la qualité de l’air, intérieure ou extérieure, même si les spécialistes s’accordent à parler de concentration de polluants chimiques (composés organiques volatiles, ou inorganiques), mais aussi les particules fines, qui concernent aussi bien l’air extérieur qu’intérieur.
Existe-t-il aujourd’hui un référentiel pour la mesurer ?
Il existe une obligation de surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public. Pour toutes les autres typologies de bâtiments il n’existe pas de référentiel obligeant en tout cas la mesure. On peut espérer que demain cette obligation elle concerne une plus large typologie de bâtiments, notamment le logement.
Pourquoi l’air intérieur est-il pollué ?
Les sources sont multiples : produits de construction, équipements, notamment de chauffage, mais aussi la combustion bois. Enfin, tout ce qui est lié à l’usage des occupants comme les produits d’entretien, le tabac, les bougies, les produits d’ambiance…
Pourquoi la lutte pour la qualité de l’air intérieur devient-elle un enjeu de santé publique ?
L’ANSES estimait, en 2014, que le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur en France sur la santé est de 19 milliards d’euros chaque année. Sa dégradation peut provoquer de simples gênes, olfactives par exemple, ou l’irritation des yeux, et jusqu’à des pathologies plus graves comme l’asthme ou les maladies respiratoires.
Les collectivités ont-elles un rôle à jouer ?
SI les collectivités ont d’ores et déjà un rôle à jouer sur la qualité de l’air intérieur, en ce qui concerne les bâtiments accueillants des jeunes publics, demain il sera encore plus important : il faut accompagner la population à mieux comprendre ce sujet, à connaître les bonnes pratiques pour l’améliorer.
Quid des acteurs privés ?
Les promoteurs et les constructeurs de logement aujourd’hui ont un rôle à jouer et certains d’entre eux se sont d’ailleurs déjà lancés dans des initiatives en ce sens. Ils vont pouvoir déjà fixer des objectifs en termes de qualité de l’air intérieur de leurs logements, et garantir que la qualité de l’air du bâtiment qui est livré respecte les concentrations de polluants reconnues au niveau des seuils sanitaires. Ils ont aussi un rôle d’information à jouer auprès des futurs occupants, en termes de pédagogie autour des bonnes pratiques.
Cet article est issu du deuxième numéro de Climat urbain, le magazine qui apporte des solutions aux collectivités.