Le coliving, ou comment se réapproprier collectivement le logement
Les études démographiques se multiplient pour montrer que la population mondiale ne cesse de croître, faisant naître le besoin de plus en plus urgent de répondre au problème du mal logement. Alors que le World Economic Forum prévoit la construction de 2 milliards de nouveaux logements dans les 80 prochaines années, la tendance pourrait être toute autre avec l’émergence de nouvelles manières d’habiter et de se loger. Éclairage sur une pratique en plein essor : le coliving.
Si la population mondiale ne cesse de croître, la France n’est pas étrangère à ce phénomène avec une évolution constante de 0,3% par an depuis 2017 selon l’Insee. Comme la demande ne cesse d’augmenter l’offre en nouveaux logements doit s’adapter. Face à un marché en expansion, diverses solutions se présentent, de la construction de nouveaux logements via l’exploitation de nouveaux terrains à bâtir ou le partage d’immeubles déjà existants. Le coliving apparaît comme un mode de vie qui fusionne coworking et colocation. Explication.
Le coliving comme réponse à la crise du logement et à l’isolement social
La plupart des entreprises spécialisées proposent aujourd’hui des logements pensés dès la conception pour être habités à plusieurs. Les cibles privilégiées sont les étudiants qui se déplacent loin du domicile parental pour découvrir une nouvelle région ou encore les nouveaux actifs, fraîchement débarqués sur le marché du travail. Les contraintes budgétaires, la peur de se retrouver isolés dans une ville inconnue mais aussi le besoin de s’adapter rapidement, de rester flexibles, les poussent à se tourner vers des modèles comme la colocation ou le coliving. Avec le confinement, la demande aurait ainsi augmenté de plus de 30% dans le secteur du coliving, selon Magalie Safar, présidente et co-fondatrice de la startup Koliving. Les principaux arguments en sa faveur sont des espaces plus grands et une vie en communauté pour éviter la solitude, le tout pour le tarif d’une résidence étudiante.
Le coliving fonctionne donc sur un principe hôtelier simple, puisqu’au moment de la réservation le client doit s’acquitter d’un forfait tout-inclus comprenant l’électricité, le ménage, les charges ainsi que divers services comme une salle de sport, des animations, l’accès à Netflix, etc… Le bail s’étend en règle générale entre 1 mois et 1 an, privilégiant donc un turnover plus élevé qu’une location classique.
Après l’explosion du coworking, le coliving se présente comme un nouveau concept d’espace partagé qui s’implante progressivement en France. Il ne s’agit ni de cohousing ni de colocation, mais plutôt d’un nouveau type de service qui permet d’obtenir des prestations de grande qualité pour un tarif modéré, à l’heure d’une hausse généralisée des loyers dans les grandes métropoles. Le coliving permet également de multiplier les rencontres, surtout pour les freelances qui se déplacent régulièrement.
Un intérêt pour les collectivités territoriales comme pour les entreprises
Le coliving répond à un besoin de plus en plus pressant en flexibilité. Tourné vers les étudiants et les jeunes actifs en contrats courts ou en déplacement de courte ou moyenne durée, il permet de se loger rapidement à moindre frais. De ce fait, le coliving est l’occasion idéale pour les collectivités territoriales de gagner en attractivité en attirant les jeunes de 20 à 35 ans. Avec l’essor du télétravail, largement démocratisé dans les entreprises après le confinement, le coliving et la multitude de services qu’il peut apporter a de beaux jours devant lui. On y retrouve bien souvent dans ses locaux un espace de coworking avec un accès internet haut débit par exemple. Le coliving permet donc de fluidifier l’accès au logement avec une solution plus simple et moins administrative que la location traditionnelle.
Les entreprises aussi prennent le pas du coliving en envoyant leurs salariés en déplacement longue durée dans ce type de logement. En effet, selon une étude publiée par le CBRE en 2019, le coût moyen d’un logement en coliving sur Paris est de 850 euros par mois, contre 1.005 euros pour un appartement meublé classique et 2.400 euros pour un Appart’hôtel. Enfin, ce nouveau marché émergent est l’occasion pour les entreprises de se positionner sur un secteur porteur qui créera de nouveaux emplois et de nouvelles richesses, grâce à une gestion active et serviciel de l’immeuble, une direction de plus en plus empruntée par les promoteurs, à l’image du coworking par exemple.
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Un placement d’avenir pour les investisseurs
Le coliving représente 97 espaces en France pour un total de plus de 3.500 chambres selon la plateforme ColivMe. Pour le moment, la grande majorité des espaces est concentrée à Paris et dans sa proche banlieue, mais le phénomène tend à se démocratiser dans les plus grandes métropoles françaises comme Bordeaux, Montpellier, Lille et Marseille. Dans le monde, le coliving est rapidement devenu la nouvelle coqueluche des investisseurs fonciers, avec des rendements oscillant entre 8 et 10% selon Benoît Jobert, cofondateur de The Babel Community.
La croissance que connaît le coliving depuis ses débuts aux États-Unis dès les années 2000 révèle une tendance de fond qui part d’un rétrécissement de l’espace privé pour privilégier le renforcement de la vie collective. Mais ces nouveaux logements permettent également de rendre l’habitation en centre-ville plus abordable. C’est parce que le coliving est une offre servicielle qui suit cette tendance de fond qu’elle représente un investissement d’avenir, tant pour les collectivités territoriales que pour les entreprises immobilières.