Comment rendre la ville plus attractive pour les travailleurs nomades ?
L’exode urbain est-il en marche ? Oui, si l’on en croit la fédération Nationale de l’immobilier, l’exode urbain pourrait concerner 200 000 ménages. Un chiffre conforté par la généralisation du télétravail. Un cocktail gagnant qui permettrait de concilier aspiration à un meilleur cadre de vie et revitalisation des territoires ? Mais n’est pas terre d’accueil pour néo-ruraux qui veut : certes, ces nouveaux travailleurs, crise sanitaire oblige, ont plus que jamais envie de vert, mais pas que. Listing des vertus nécessaires pour attirer ces nouveaux arrivants.
Une bonne connexion aux transports
Le président de la Fondation Travailler Autrement affirme ainsi que le développement du télétravail sera corrélatif au développement des villes moyennes. Patrick Levy Waitz déclare donc : « le développement économique va pouvoir aller vers une démétropolisation. » Bien sûr, le développement des villes moyennes ne se fera pas sans le développement des infrastructures ferroviaires : les villes reliées à Paris par le TGV seront sans doute les plus convoitées par les télétravailleurs de demain. En témoigne le succès de la métropole bordelaise, première ville de France en termes de croissance du trafic en gare. Du côté des villes moyennes, La Rochelle, reliée à Paris en également un peu plus de trois heures, se place au top. Mais la connexion TGV n’est pas garante de l’attractivité de la ville : ainsi, la métropole de Marseille-Aix-en-Provence, reliée à Paris en trois heures seulement, n’est que la 14ème ville la plus attractive pour télétravailler selon Le classement du magazine Le Point de juin 2020.
Du vert, du vert !
Si les urbains rêvent d’exil, et notamment après une période de confinement difficile en ville, c’est bien avant tout pour bénéficier d’un accès à la nature. Les sondages sont unanimes : la recherche de proximité de parcs, de végétalisation, est en tête des critères dans le choix du logement. En témoigne le pouvoir de séduction de villes comme Annecy ou Strasbourg, sur le podium des villes vertes. Mais face à la pression immobilière de plus en plus forte en périphérie des villes, se dessine le challenge de la préservation des terres naturelles et agricoles. Aujourd’hui, cette question est de plus en plus intégrée aux projets d’urbanisme : immeubles plus hauts pour préserver du foncier, reconversion d’espaces imperméabilisés en programmes incluant une part importante de pleine terre et de végétalisation, les promoteurs rivalisent d’initiatives pour répondre aux aspirations des habitants et aux injonctions environnementales.
Une bonne connexion internet
Si l’urbain rêve de campagne, le bonheur est dans le pré… et dans la 4G. Un pré-requis d’autant plus indispensable dans le cadre du transfert de l’activité à domicile, et qui pénalise nombre de villes mal positionnées. Une donne qui devrait se résoudre prochainement selon les annonces des opérateurs, qui se sont donné pour objectif d’étendre le réseau à toutes les zones blanches en 2020. Force est de constater que si le déploiement se poursuit sur le territoire, la qualité de l’accès au réseau est loin d’être équilibrée, pénalisant encore nombre de territoires ruraux, et même certaines villes moyennes.
Des espaces de télétravail en ville et chez soi
Avec sa popularisation, le télétravail se conjugue de façon de plus en plus diverse. A domicile, tout d’abord, il exige des espaces plus grands, ou plus modulables. Une donnée qui émerge dans la réflexion des architectes, et renforcée par le vécu du confinement et de la rencontre des espaces privés et professionnels au domicile. Outre le lieu de vie modulable, s’est installée depuis plusieurs décennies la tendance aux espaces partagés en commun dans les copropriétés : salles de sports, dédiées à la convivialité, jardins partagés ou encore espaces de coworking, les promoteurs conçoivent des lieux dédiés à l’interaction entre habitants d’un même immeuble. Ici encore, la crise sanitaire a conforté le besoin de lieux de rencontres et d’échanges entre voisins.
Enfin, en dehors du domicile, les tiers-lieux se développent en ville, qu’ils correspondant à des espaces de coworking traditionnels (Morning), ou à des lieux de passage plus brefs : « Là où le co-working reste un bureau à part entière, nos ‘Anticafé’ acceptent les habitués comme les travailleurs de passage. On peut y venir pour deux ou trois heures seulement, à la différence de la plupart des espaces partagés loués au mois », affirme Leonid Goncharov, créateur en 2013 du premier Anticafé parisien.