Transformation de la Porte de Montreuil : le pari de la neutralité carbone
L’objectif zéro carbone devient une réalité pour les décideurs du territoire, et ce, à toutes les échelles. En témoignent les nombreux appels à projets innovants qui permettent aux architectes, urbanistes, politiques, promoteurs et constructeurs de penser la ville durable de manière de plus en plus en poussée. Et le territoire du Grand Paris n’est pas en reste dans cette compétition mondiale. Avec Reinventing cities, appel à projets lancé sous l’impulsion du réseau mondial de villes durables C40, la Ville de Paris se lance dans la réhabilitation de la porte de Montreuil via une vaste opération neutre en carbone.
Créer des continuités urbaines entre Paris et la périphérie
Concevoir une opération de réhabilitation d’un quartier adjacent au périphérique, marqué par des décennies d’aménagement bétonné, dans la perspective d’offrir un lieu de vie cumulant « excellence « environnementale, courtoisie urbaine et insertion sociale », comme l’annonce le groupement de promoteurs lauréats de l’opération¹, est-ce possible ? Les concepteurs du projet, dont les agences d’architecture partenaires² se sont donné les moyens d’atteindre ce but. L’opération se veut une véritable transformation de ce quartier marqué par les puces et l’architecture bétonnée emblématique des portes de Paris. Avec pas moins de 8 bâtiments de 10 à 31 mètres de haut, ce sont près de 60 000 m² de bâtiments qui vont s’élever autour d’une place piétonne et végétalisée, de la même taille que celle de la République à Paris.
Préserver l’attractivité des puces et créer des synergies entre insertion sociale et développement de l’activité économique
Au cœur de l’opération notamment, la réhabilitation des puces via la construction d’une halle couverte, le recouvrement de l’immense rond-point de 84 mètres de diamètre (soit 8 files de circulation) sera recouvert d’une « couverture légère » réservée aux piétons et cyclistes, reléguant la circulation automobile à l’extérieur de l’ensemble.
Recoudre les continuités urbaines, donc, et créer, comme l’annonce la ville de Paris, « une des places centrales du Grand Paris », mais aussi réunifier un territoire fragmenté par le périphérique figurent parmi les grandes ambitions du projet. Mais pas seulement : l’opération se veut également créatrice d’activité et de lien social avec 37 000 m² de bureaux et de coworking, 10 000 m² pour un hôtel et des logements en coliving, 4000 m² de commerces et activités, dont un café et une halle alimentaire « zéro déchet », et enfin 7400 m² réservées aux puces nouvelles génération, ainsi qu’un incubateur pour artisans de 1000 m², des espaces consacrés à l’économie circulaire, un pavillon de 400 m² dédié à des associations de quartier.
Le programme accueille en effet des acteurs importants de l’insertion professionnelle : l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE) qui finance et forme les entrepreneurs ainsi que Cuisine Mode d’Emploi(s) qui accompagne vers les métiers de la restauration les personnes éloignées de l’emploi.
Une opération qui se veut vitrine de l’excellence durable pour inspirer les métropoles
Mais l’aspect le plus impactant du projet est certainement sa performance « zéro carbone », aussi bien dans son élaboration que dans son exploitation. Comment obtenir ce résultat qui répond aux exigences du sommet de l’ONU, à savoir d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ? Avec une forte ambition en termes de végétalisation (7000 m² de surfaces végétalisées dont plus de 300 arbres), des matériaux bas carbone (terre crue, pierre, bois, béton de chanvre) à 80% en provenance d’Ile-de-France, des bureaux réversibles en logements. L’ensemble des bâtiments est notamment alimenté par géothermie et une partie de l’énergie électrique est produite localement par des toitures biosolaires, un fonds carbone de 3 millions d’euros dédié à la transition écologique de la Métropole. L’opération propose avec la RATP un pôle de mobilités regroupant dix modes de transport alternatifs et prévoit des espaces sécurisés pour accueillir 1.200 vélos, diminuant l’impact de la voiture et anticipe le changement de cette infrastructure routière en boulevard urbain.
En cela, l’opération, qui doit être livrée de 2022 à 2026, se veut, selon le groupement immobilier, « vitrine de l’excellence environnementale, pour catalyser les ressources franciliennes, et enclencher une transition mondiale vers la ville durable ».
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¹ Nexity, Engie via sa filiale de promotion Aire nouvelle et Crédit Agricole Immobilier
² L’Atelier Georges et Bond Society (Paris), Tatiana Bilbao (Mexico) et Serie Architects (Singapour et Londres)