En route vers la “smart campagne” ?
Une ville « smart », ce n’est pas seulement une ville hyperconnectée avec un super réseau 4G. Non, l’intelligence d’une ville se mesure plutôt dans sa capacité à répondre aux enjeux urbains et aux défis actuels en termes de transition numérique, économique et écologique. Pour cette raison, l’adjectif « smart » ne peut et ne doit pas s’adresser uniquement à nos métropoles, mais doit s’étendre jusqu’à nos campagnes.
La périurbanisation en faveur d’une ambition commune
L’exode rural n’a plus le vent en poupe en France et c’est l’une des raisons du souffle de modernité qui parcourt les villes moyennes et les villages. Pour ces anciens citadins qui ont donc décidé de s’établir en milieu rural, le désir de maintien d’un confort technologique est à l’origine de l’accroissement de dispositifs intelligents. « Si 70.000 habitants quittent la campagne pour les villes, 100.000 personnes font le chemin inverse en France », observe Sébastien Côte, le président de Ruralitic. Ruraltic, c’est le rendez-vous incontournable pour ceux qui conçoivent l’accessibilité au numérique comme l’opportunité pour chaque Français de décider de l’endroit où il veut vivre. Depuis 2005, plus de 5000 élus locaux et 2000 directeurs territoriaux sont venus échanger idées et bonnes pratiques pour l’innovation des territoires.
Mais une fois encore, la notion de « smart » ne signifie pas être connecté simplement pour être connecté. Il s’agit avant tout d’une prise de conscience collective permettant la mise en place de solutions durables sur l’ensemble de notre territoire. Les nouvelles technologies sont le symbole d’une possible synergie entre villes et campagnes et doivent, à terme, être un moyen de lutter contre l’isolement de ces territoires urbains. C’est à cette fin que Ruraltic a lancé à l’occasion de son dixième anniversaire « Le manifeste des smart villages » qui répertorie les nombreux engagements pris par des villages pour utiliser le numérique a bon escient.
Parmi ces engagements, on met en avant des pratiques comme le télétravail ou la télémédecine, on offre la possibilité de se former à distance grâce à des cours en ligne, on propose des concerts ou spectacles retransmis en direct sur grand écran et on soumet des solutions intelligentes pour réduire les factures…
À la rencontre des smart villages
La théorie c’est une chose mais concrètement, où en sommes-nous ? Dans le palmarès mondial des Smart City, on retrouve Tokyo, Dubaï mais aussi… Saint-Sulpice-la-Forêt ! Cette petite commune située au nord de Rennes compte seulement 1500 habitants mais cela ne l’a pas empêché de voir grand ! Observant une explosion des factures d’électricité, de gaz et d’eau, le maire Yan Huaumé s’est laissé séduire par une technologie intelligente de capteurs de consommation, installés sur des bâtiments publics. Associée à une plateforme d’analyse de données, cette technologie a permis à la commune de réduire considérablement sa consommation d’énergie : « Nous avons pour objectif, grâce à ces données en temps réel, de réaliser près de 20 % d’économie sur notre facture énergétique en trois ans », avait annoncé le maire. En ce début d’année 2019, c’est désormais un pari réussi !
Sur le site de la commune de Bras-sur-Meuse en région Grand-Est, le message a le mérite d’être clair : « Village connecté à l’avenir. » Le maire Julien Didry mise sur le digital pour connecter ses citoyens à la vie communale. Dès 2007, le village reçoit son premier label « @ » décerné par l’association « Villes Internet ». En 2018, Bras-sur-Meuse est le premier village de France de moins de 1000 habitants à compter un 5e « @ » !
Et pour cause, les initiatives pour mettre le numérique au cœur de la ville ont été multiples : toutes les démarches en ligne sont accessibles sur smartphone, un groupe secret Facebook a été créé pour donner la parole aux habitants et des QR codes ont même été installés sur les monuments pour raconter leur histoire… On compte également l’ouverture du Numéripôle, un espace numérique ayant pour vocation de former les anciennes générations à toutes ces nouvelles avancées.
L’agriculture et l’élevage font partie intégrante de la ruralité. On ne s’étonne donc pas de voir émerger un système connecté tel que « Herd Navigator », permettant aux éleveurs de recevoir en temps réel des informations sur leur troupeau. Dans la commune d’Epinal dans les Vosges, les éleveurs peuvent notamment suivre les productions quotidiennes de lait, analyser la chaleur de leurs vaches pour connaître les périodes de vêlage et détecter une bête souffrante. Cet assistant virtuel leur permet de mieux gérer leur production afin de ne dépenser que le minimum d’énergie nécessaire et par conséquent, de polluer moins.
Être smart, cela peut donc être tout ça à la fois ! Et l’expansion incessante du numérique laisse un champ infini de possibilités pour dessiner les contours de l’avenir de nos villes, mais aussi de nos campagnes.