Transformer un parking en une ferme urbaine : le pari réussi de la startup Cycloponics
À l’heure où nos modes de consommation évoluent et où une multitude d’appels à projets sont lancés dans l’optique de réhabiliter les lieux abandonnés de nos villes, de nombreux projets innovants se concrétisent. Parmi eux, une ferme urbaine bio baptisée “la Caverne”, qui a pris naissance dans un parking souterrain.
Spécialisée dans la recherche d’espaces vides, Cycloponics s’est fixée comme objectif de transformer des lieux abandonnés afin d’y implanter une agriculture durable et socialement responsable. À l’origine de son dernier projet en date, La Caverne : un parking d’un HLM situé dans le 18ème arrondissement de Paris. Laissé à l’abandon durant plusieurs mois, cet espace de 3 500 m2 a été reconverti en micro-ferme par la startup et fait aujourd’hui le bonheur des habitants du quartier.
Grâce à leur réhabilitation par la jeune pousse, les boxs – à l’origine prévus pour accueillir des voitures – hébergent désormais tout un écosystème agricole. Dans cette micro-ferme certifiée bio, on y cultive des plantes n’ayant pas besoin de beaucoup de lumière, comme ces champignons : des pleurotes, des shiitake ou encore des champignons de Paris, de retour dans la capitale. On y trouve aussi une production de micropousses, particulièrement bien adaptée à une culture souterraine, bien qu’elle nécessite davantage de luminosité. La startup a donc installé une lumière horticole à base de LED à très faible consommation d’énergie, apposée sur leurs bacs, qui suffit à cette culture spécifique.
Si le projet de La Caverne a pu voir le jour et ouvre aujourd’hui un champ immense de possibilités, le challenge n’a pas été facile à relever. Au départ en effet, l’infrastructure d’un parking n’est pas faite pour accueillir une production de fruits et légumes. Pourtant, avec des idées novatrices et en s’appuyant sur les nouvelles technologies, Cycloponics est parvenu à trouver des solutions adaptées et construire un écosystème sur-mesure.
Une initiative qui bouscule les codes de l’agriculture
Produire des aliments en pleine ville, qui plus est dans un souterrain, tout en respectant les principes d’une agriculture biologique, est un véritable défi. Et pourtant, les petites mains de La Caverne ont su développer trois modes de productions complémentaires, basés sur le concept de l’agriculture verticale. Cette manière de produire réside dans l’installation de structures, colonnes ou bacs placés à la verticale, et peut ainsi s’adapter à un environnement urbain dont l’emprise au sol est inexistante.
Grâce à cette solution innovante, le lieu abrite une culture maraîchère importante, dont la production est même la plus développée dans le souterrain puisqu’elle représente 70% de la surface agricole disponible. À ses cotés, la micro-ferme s’est dotée d’une champignonnière co-créée avec la Boîte à Champignons ainsi qu’une production de jeunes pousses appelées “microgreen” qui constitue le reste de la surface.
Inaugurée le 14 avril dernier par Anne Hidalgo et lauréate de la première édition de “Parisculteurs”, La Caverne enregistre aujourd’hui un franc succès. En produisant des produits bio à proximité des citadins, elle crée du lien social, insuffle de nouveaux emplois et redynamise le quartier.
Une production agricole au plus près des habitants
Convertir des lieux jusqu’alors inutilisés et laissés à l’abandon en une véritable ferme agricole possède de nombreux avantages pour la vie de quartier. Les produits (endives, champignons et jeunes pousses) sont récoltés et vendus le jour même aux restaurateurs, sur les marchés, dans des magasins bios et même livrés à vélo directement chez l’habitant. Le lieu s’inscrit donc dans une démarche locale et sociale en suivant les principes de l’économie collaborative.
La Caverne propose également des visites permettant de faire découvrir au plus grand nombre les secrets de cette production souterraine. Un moyen de sensibiliser les citadins à ce tout nouveau mode de consommation. Mais redynamiser la vie de quartier passe également par la création d’emplois agricoles à destination de personnes en difficulté. Situé dans un quartier difficile, le lieu emploie aujourd’hui une dizaine de salariés dont certains habitants de l’immeuble du dessus. À plus long terme, l’équipe espère s’agrandir encore davantage et continuer à développer cet aspect social et inclusif.
Si cette ferme urbaine espère à terme produire chaque année 150 tonnes d’endives et 40 tonnes de champignons, elle s’inscrit déjà à coup sûr dans les promesses de la ville de Paris. La capitale prévoit à horizon 2020 qu’une centaine d’hectares de sous-sols, de toits et de murs seront consacrés à l’agriculture urbaine.